Ce que chaque femme devrait savoir sur son plaisir intime

Par Imam chroniqueur Babacar Diop
Même dans nos sociétés contemporaines, la sexualité féminine reste trop souvent enveloppée de tabous, de silence ou de jugements. Ce silence freine non seulement l’épanouissement personnel, mais aussi la qualité des relations. Le rôle du professionnel (sexologue, thérapeute) est d’offrir un espace sécurisé où explorer ces blocages, comprendre son corps, ses désirs, et surtout : s’autoriser à accéder à ce droit — avec bienveillance, respect et conscience.
- La honte : l’ennemie insidieuse du désir
La honte constitue un frein puissant au désir sexuel. Elle s’installe souvent via des croyances intériorisées : « je ne vaux pas», «mon corps n’est pas correct», «je ne mérite pas ce plaisir». Le travail thérapeutique est précisément de faire émerger ces croyances, de les questionner, et d’accompagner la femme vers l’acceptation de soi.
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Sur le plan spirituel :
« Et parmi Ses signes : Il a créé pour vous, parmi vous-mêmes, des épouses afin que vous trouviez la tranquillité auprès d’elles, et Il a mis entre vous affection et miséricorde. » (Coran 30 :21)
Cette parole rappelle que la relation matrimoniale est faite pour la paix, l’affection, la tendresse — et donc aussi la liberté de s’aimer.
Un autre hadith signale :
Le Prophète ﷺ a dit : «Quand l’un de vous voit une femme et qu’il est affecté dans son cœur, qu’il retourne à sa femme et qu’il ait avec elle l’acte sexuel, car cela repoussera ce qu’il ressent.» (Sahih Muslim, livre 8, n°3242)
Cela souligne que le désir est naturel, et qu’il doit être traité dans le cadre légitime du mariage, avec conscience.
- Les fausses attentes tuent l’intimité
Le désir ne peut pas être réduit à une performance, à un résultat, à un horaire. Dans la chambre à coucher, comme dans la vie, la quête de «réussite» (orgasme à tout prix, fréquence comme une obligation…) génère de l’anxiété, de la gêne, voire des troubles fonctionnels. Le chemin est plutôt celui de l’exploration, du partage, de la communication.
D’un point de vue spirituel, le mariage en Islam n’est pas simplement un contrat : c’est un pacte de bien-être mutuel. Nous retrouvons le verset :
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« Vos épouses sont pour vous un vêtement et vous êtes pour elles un vêtement. » (Coran 2 :187)
Le vêtement symbolise la protection, l’intimité, la connaissance mutuelle. Il ne s’agit pas d’une performance, mais d’un «être ensemble», d’un abri.
Le hadith dit aussi :
«Dans l’acte sexuel de chacun de vous, il y a une charité.» (Sahih Muslim n°1006)
L’intimité devient ici un acte noble, lorsque vécu dans les règles du mariage, avec respect et bienveillance.
- Planifier l’intimité peut être très excitant
La spontanéité a sa place, certes. Mais la planification consciente de l’intimité permet d’introduire l’anticipation, la complicité, la connexion. Cela ne dénature pas le désir : au contraire, cela peut le nourrir, car on donne de la place au «nous», on crée un rendez-vous sensuel, un moment choisi.
Spirituellement, l’intention (« niyyah ») compte aussi. Le fait de vivre l’intimité dans l’intention de satisfaire légitimement son ou sa partenaire, d’honorer la relation, de préserver le lien, fait de ce moment non pas une simple activité, mais un acte de bienveillance mutuelle.
- Curiosité et expérimentation au service de l’épanouissement
La sexualité n’est pas une donnée figée : nos corps évoluent, nos désirs changent, nos conditions de vie se transforment. Il est indispensable d’oser la communication (dire «ce que j’aime», «ce que je ressens»), l’exploration mutuelle, l’expérimentation. Cela renforce non seulement le plaisir, mais la connexion émotionnelle.
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Sur le plan religieux, la réciprocité et le bien-fait pour l’autre sont mis en avant : un époux ne doit pas «laisser» sa femme dans l’ignorance de son droit ; et la femme a également droit à l’affection, au respect, à la satisfaction mutuelle. Cela s’aligne avec le principe islamique de «ma‛rūf» : le bon, le convenable, l’équitable.
- Se reconnecter avec son authenticité
Le corps, le désir, le plaisir ne sont pas des performances à exhiber, mais des réalités à accueillir avec simplicité, humilité et gratitude. Quand une femme accepte sa valeur, son droit à être aimée, son droit au plaisir, elle ouvre la voie à une intimité sincère et profonde.
Le verset cité plus haut (Coran 30 :21) rappelle que le rapport conjugal est un signe d’Allah : d’amour, de miséricorde, de paix.
L’authenticité implique aussi que l’on ne se juge plus selon des critères de «normalité» imposés par la société, mais selon le cadre de respect, de bien-être mutuel, de consentement.
En résumé
Libérez-vous de la honte : elle est un frein puissant au désir.
Déconstruisez les attentes de performance : le plaisir n’est pas une obligation, mais une découverte.
Planifiez vos moments intimes : l’anticipation peut être un puissant moteur de désir.
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Soyez curieuse, communiquez, explorez : le plaisir se construit.
Soyez authentique, affirmez votre droit au plaisir, à l’amour, à la tendresse.
Intégrez la dimension spirituelle : l’intimité n’est pas seulement biologie, mais aussi lien, affection, miséricorde.
Imam chroniqueur
Babacar Diop













