Cours privés : nécessité éducative ou simple business ?

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Cours privés : nécessité éducative ou simple business ?

À Dakar, Thiès ou Saint-Louis, les cours privés se sont imposés comme une composante incontournable de l’éducation. Les annonces foisonnent : « Soutien scolaire – réussite garantie », « Préparation aux examens », laissant entrevoir un marché florissant. Mais derrière cette popularité se cache une question cruciale : ces cours sont-ils vraiment un levier d’émancipation scolaire ou un simple business lucratif ?

Une réponse aux lacunes du système éducatif

Pour de nombreux élèves, les cours privés permettent de compenser les insuffisances du système public. Selon Fatou Diop, sociologue : « Les cours particuliers offrent un encadrement individualisé que les classes surchargées ne permettent pas toujours » (Diop, Sociologie de l’éducation au Sénégal, p. 112).

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Aïssatou, étudiante en terminale, confie : « Sans mes cours de maths, j’aurais eu beaucoup de mal à suivre. Le professeur particulier prend le temps de m’expliquer chaque étape. »

Le Coran rappelle l’importance de l’apprentissage : « Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé » (Sourate Al-Alaq, 96:1). De son côté, Ibn al-Qayyim souligne : « Chaque élève progresse à son rythme, et l’enseignement doit s’adapter à sa capacité » (I‘lam al-Muwaqqi‘in, p. 58).

Selon Imam Babacar Diop, chroniqueur et spécialiste de l’éducation : « Les cours privés ne doivent jamais remplacer l’effort personnel. Ils sont un guide, pas un raccourci vers le succès. »

Une dimension commerciale indéniable

Le développement des cours privés a créé un marché lucratif. Pour Mamadou Sy, économiste : « Le marché des cours privés prospère parfois davantage sur la peur de l’échec que sur la qualité pédagogique » (Sy, Économie et éducation en Afrique, p. 87).

Les spécialistes contemporains alertent également. Tariq Ramadan : « L’éducation ne doit jamais devenir une marchandise. La marchandisation du savoir accentue les inégalités » (La quête du savoir, p. 59). Khaled Abou El Fadl ajoute : « Le savoir est un bien commun. Limiter son accès à ceux qui peuvent payer est une injustice morale » (The Great Theft, p. 102).

Imam Babacar Diop renchérit : « Quand l’enseignement devient un produit de luxe, il trahit sa mission première : élever l’âme et nourrir l’intellect. »

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Aspects psychologiques et sociaux

Les cours privés influencent également la motivation et la confiance en soi. Selon Dr. Aminata Sow, psychologue : « Les élèves bénéficiant d’un suivi personnalisé développent une meilleure estime d’eux-mêmes et une approche proactive de l’apprentissage » (Sow, Psychologie et réussite scolaire, p. 74).

Mais un suivi excessif ou des attentes irréalistes peuvent générer stress et anxiété. Selon Imam Babacar Diop : « Le danger des cours privés, c’est de créer une dépendance où l’élève ne croit plus en sa capacité à apprendre par lui-même. »

L’ère numérique et l’accès aux connaissances

L’essor du numérique bouleverse le secteur. Des plateformes comme Khan Academy ou des applications locales offrent un soutien gratuit ou à faible coût. Cheikh Ahmadou Bamba rappelait : « Enseigner, c’est semer la lumière dans l’âme de l’autre, et non dans sa bourse » (Khassida, p. 23).

Selon Imam Babacar Diop, « le numérique peut redonner à l’éducation sa dimension universelle, mais il faut veiller à ce qu’il ne devienne pas un commerce déguisé ».

Vers un équilibre entre nécessité et business

Pour que les cours privés restent bénéfiques :

Réguler les tarifs pour un accès équitable.

Former et suivre les enseignants pour garantir la qualité pédagogique.

Encourager les alternatives numériques et communautaires, afin de démocratiser le savoir.

Conclusion

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Les cours privés sont un outil précieux pour compenser les lacunes éducatives et améliorer la réussite scolaire. Mais sans régulation et éthique, ils risquent de devenir un marché lucratif au détriment de l’égalité. Comme le rappelle Ibn Taymiyya, « la connaissance est un trésor qu’on ne peut acheter uniquement avec de l’or » (Majmu‘ al-Fatawa, p. 45).

Imam Babacar Diop conclut : « L’éducation n’est pas un produit à vendre, c’est une lumière à transmettre. Les cours privés sont utiles, mais leur valeur réelle dépend de l’intention et de la rigueur de celui qui enseigne. »

imam chroniqueur
Babacar Diop

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