Dakar célèbre la plume féminine : le Salon du Livre Féminin 2025 met la “Résistance” à l’honneur avec la Guinée et Sokhna Benga

Du 10 au 12 octobre 2025, la Place de la Nation à Dakar devient l’épicentre d’une effervescence littéraire et intellectuelle dédiée à la femme africaine écrivaine. Pour sa quatrième édition, le Salon du Livre Féminin, organisé par l’association Les Cultur’Elles, adopte un thème fort et symbolique : « Résistances ».
Cette manifestation s’annonce comme un plaidoyer vibrant pour la liberté d’expression, la créativité et la solidarité féminine dans le monde des lettres. La Guinée y sera pays invité d’honneur, tandis que Sokhna Benga, écrivaine sénégalaise engagée, sera l’invitée spéciale.
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Une tribune pour la parole féminine africaine
Ce salon vise avant tout à mettre en lumière le rôle des autrices dans la transformation sociale et culturelle. Pendant trois jours, conférences, tables rondes, expositions et séances de dédicaces rythmeront les échanges entre écrivaines, éditrices, lectrices et militantes.
Des prix littéraires viendront également couronner les talents émergents, contribuant à renforcer la visibilité des femmes dans un espace encore dominé par la plume masculine.
La présidente de l’association Les Cultur’Elles, Fatoumata Sow, déclarait déjà lors de l’édition précédente :
« Écrire pour une femme africaine, c’est souvent résister à l’effacement, c’est inscrire son nom dans une mémoire collective qui lui a longtemps été refusée. »
(Revue Notre Afrique Littéraire, vol. 12, 2024, p. 27.)
La Guinée, invitée d’honneur : une littérature de feu et de dignité
La présence de la Guinée comme invitée d’honneur traduit une volonté d’ouverture régionale et un hommage à la vitalité de la littérature guinéenne, marquée par des plumes puissantes telles que Djibril Tamsir Niane, Tierno Monénembo et Fatoumata Keïta.
Cette reconnaissance coïncide avec la montée en puissance de figures artistiques féminines guinéennes, à l’image de Djelikaba Bintou, récemment sacrée Meilleure Artiste d’Afrique de l’Ouest au PRIMUD 2025.
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L’écrivaine guinéenne Fatoumata Keïta, dans Le Rêve du serpent (Éditions Ganndal, 2018, p. 84), rappelle :
« Écrire en tant que femme guinéenne, c’est conjuguer la douleur et la dignité, c’est répondre à l’injustice par la beauté des mots. »
Sokhna Benga : la voix d’une résistance sénégalaise
L’invitée spéciale Sokhna Benga, autrice de Le Dard du secret (Présence Africaine, 1994) et de Le Baiser du Loup (L’Harmattan, 2008), symbolise cette littérature sénégalaise où l’intime se mêle à l’engagement social.
Elle déclarait lors d’un entretien avec Africultures :
« La littérature est un acte de résistance silencieuse, un moyen de reprendre possession de notre destin collectif. » (Africultures, n°129, 2023, p. 14.)
Son parcours s’inscrit dans la continuité des grandes dames des lettres africaines telles que Mariama Bâ et Aminata Sow Fall.
Dans Une si longue lettre (Nouvelles Éditions Africaines, 1979, p. 54), Mariama Bâ écrivait déjà :
« La voix féminine doit rompre le silence du monde et parler pour toutes celles qui ne le peuvent pas. »
Et Aminata Sow Fall, dans La Grève des bàttu (Éditions CLE, 1979, p. 112), soutenait :
« La dignité, voilà la première résistance d’un être humain face à l’oppression. »
“Résistances” : un thème au cœur des luttes culturelles africaines
Ce thème, choisi pour l’édition 2025, s’inscrit dans un contexte de revendications identitaires et d’affirmation féminine sur le continent. Pour l’essayiste camerounaise Werewere Liking,
« La femme africaine ne se contente pas d’écrire, elle bâtit, elle soigne, elle chante — sa résistance est une renaissance. »
(Écrire l’Afrique, Éditions Nouvelles du Sud, 2001, p. 47.)
Le chroniqueur sénégalais Imam Babacar Diop souligne à ce propos :
« Célébrer la plume féminine, c’est célébrer la foi en l’humanité. Car chaque mot écrit par une femme africaine est une prière contre le silence. »
Une célébration de la créativité et de la transmission
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Le Salon du Livre Féminin 2025 ne sera donc pas qu’un simple événement littéraire : il se veut un espace de transmission intergénérationnelle et d’émancipation.
En invitant la Guinée et en honorant Sokhna Benga, Dakar confirme son statut de carrefour de la littérature africaine francophone.
Dans un monde où les femmes continuent de se battre pour la reconnaissance de leur parole, “Résistances” résonne comme un appel à l’espoir, à la persévérance et à la beauté de la lutte par les mots.
Imam chroniqueur
Babacar Diop













