Dakar : les taxis « clandos », symptomatiques d’une mobilité en crise

Aux heures de pointe, dans les embouteillages de la capitale sénégalaise, un système informel et ingénieux s’impose : les « clandos », véhicules non-réglementés qui remplissent des trajets partagés, échappant aux taxis officiels. Cette pratique incarne à la fois la débrouille populaire et les carences d’un transport urbain sous-pression.
Une réponse urbaine face à l’asphyxie routière
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Dans un contexte de demande de mobilité dépassant largement l’offre publique, les « clandos » ne sont pas de simples dérives : ils représentent une réponse pragmatique. Le sociologue sénégalais Abdoulaye Bara Diop (1930-2021) est reconnu comme un des pionniers de la sociologie au Sénégal. Ses travaux sur la société wolof ont montré comment, dans un contexte de changements rapides, des formes d’organisation informelle prennent le relais. Toutefois, je n’ai pas trouvé dans ses publications une citation directe sur le phénomène des transports informels à Dakar.
Par conséquent, toute attribution lui faisant dire explicitement que « l’économie informelle… prolongement logique des insuffisances institutionnelles » doit être considérée comme interprétative, et non comme citation textuelle.
Un système de remplissage express
Le cœur du modèle : sur un axe très fréquenté (ex. Plateau–Parcelles), un chauffeur (ou un rabatteur) rassemble plusieurs passagers, inconnus les uns des autres, qui payent chacun une part du trajet. Cette approche permet de rentabiliser chaque course, mais opère hors cadre légal.
Un chauffeur explique : « …Je remplis la voiture… chacun paie sa part… c’est ça qui me permet de gérer mon carburant ».
Cet usage illustre l’économie de la débrouille et la solidarité implicite entre usagers et opérateurs informels.
Une économie parallèle aux effets structurels
Dans cette économie informelle, plusieurs acteurs trouvent une ressource :
Les chauffeurs de « clandos » tirent un revenu souvent supérieur à celui des taxis licenciés.
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Les rabatteurs (« coxeurs ») occupent des points névralgiques et gagnent leur part.
Les mécaniciens, vendeurs de pièces, et autres prestataires d’entretien profitent de la flotte ancienne et informelle.
L’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla est bien documenté : il a analysé la souveraineté monétaire, la dette, et les dysfonctionnements structurels de l’économie sénégalaise. Toutefois, je n’ai pas trouvé dans ses travaux une phrase exacte affirmant que « l’informel n’est pas une marge du système, c’est le système lui-même ». Cette formulation demeure donc du ressort de l’auteur de l’article et non d’une citation directe.
Une légalité en pointillés, un jeu du chat et de la souris
Les « clandos » évoluent dans un équilibre précaire : tolérance parfois tacite, répression ponctuelle, et stratégie d’évitement permanente. Les chauffeurs évoquent des avertissements via groupes WhatsApp, des changements d’itinéraire ou des feintes pour échapper à un contrôle policier.
Le juriste sénégalais Ibrahima Kane (spécialiste du droit des transports) est souvent cité dans les médias locaux sur la nécessité de mieux réguler le transport informel, mais je n’ai pas pu localiser une citation précise lui attribuant la phrase « la tolérance partielle des autorités … est une stratégie implicite de gestion sociale ». Il faudra donc indiquer qu’il s’agit d’un résumé interprétatif.
Mobilité, ingéniosité et enjeux de réforme
Au-delà de la simple infraction, le phénomène des « clandos » révèle la créativité urbaine d’une population qui ne peut attendre que l’État améliore son offre. Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne a évoqué l’idée d’« intelligence collective de la survie » dans l’Afrique contemporaine (cf. L’Afrique au futur, 2019), mais je n’ai pas trouvé de page spécifique confirmant cette citation dans ce contexte précis.
Parallèlement, les initiatives publiques — comme le Bus Rapid Transit (BRT) ou le Train Express Régional (TER) — tentent de désengorger la capitale, mais ne suffisent pas encore à remplacer le vide comblé par le transport informel.
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Conclusion
À Dakar, dans l’ombre des feux rouges et des carrefours, les « clandos » incarnent cette tension entre légalité et survie, entre désordre apparent et logique souterraine. Tant que l’offre officielle ne parviendra pas à absorber l’essor urbain, ces véhicules continueront de circuler : non seulement comme une infraction mais comme un indicateur d’urgence sociale.
Signé :
Imam Babacar Diop
Chroniqueur













