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Dépression : conséquences sur la sexualité.

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Dépression : conséquences sur la sexualité.

La dépression favorise de nombreux problèmes concernant le désir, la libido et les relations de couple. Inversement, des dysfonctions sexuelles pourraient engendrer un état dépressif.

Alors, pourquoi, comment et que faire ?

Au Togo, beaucoup de personnes ont souffert ou souffrent d’une dépression au cours de leur vie. Une pathologie fréquente qui affecte aussi grandement la sexualité. Les états dépressifs induisent une diminution de la libido, de l’excitation, de la fréquence des rapports, voire une anorgasmie ou encore une anéjaculation. Inévitablement, tout cela a aussi des répercussions sur le couple.

La dépression, un impact sur la libido
D’abord, il y a plusieurs types de dépression : chronique, aiguë, celle que l’on va appeler «normale» ou «réactionnelle», par exemple en cas de deuil, séparation, etc.

« Pour chacune d’entre elles, il y a encore plusieurs états. Mais de toutes les manières, ce sont des moments où l’humeur est touchée et donc forcément la libido est affectée. La sexualité est délaissée parce que la vie est axée sur autre chose. Pour avoir une vie sexuelle, il faut qu’il y ait une intrication ou un enchevêtrement de la pulsion de vie et de la pulsion de mort. Or, dans le cas de la dépression, les pulsions de mort dominent généralement », explique Pr. Kolou Valentin S. Charles Dassa, Professeur de Psychiatrie à l’université de Lomé, Stress Counselor/Psychiatrie, CHU Campus Lomé.

En outre, en plus de leur pathologie, certaines personnes souffrent des effets de leur traitement, car certains antidépresseurs sont bien connus pour inhiber la libido.

Les antidépresseurs inhibent la libido
Ces médicaments ont pour visée de stabiliser l’humeur, ils agissent sur les neurotransmetteurs qui contrôlent cette dernière (dopamine, sérotonine). A supposer qu’il y ait un pic de libido, celui-ci va donc être limité, régulé par le traitement.
C’est donc aussi pour cela que les relations sexuelles baissent en cas de traitement médicamenteux.

Se pencher sur la question.

« Oui. Même si c’est plus rare, il peut arriver d’avoir des comportements compulsifs avec la sexualité. C’est-à-dire que pour ne pas tomber dans la dépression, on augmente les relations sexuelles. L’objectif est de se faire des « shoots » de sérotonine par le biais de la jouissance, afin de compenser un état dépressif latent », souligne Pr. Kolou Charles Dassa, Médecin Psychiatrie.

Les troubles sexuels peuvent-ils provoquer ou amplifier une dépression ?

« Avoir des problèmes sexuels peut aussi avoir une incidence sur l’humeur, car cela va attaquer l’estime de soi, créer du doute. Idem quand, dans un couple, la communication ne passe plus ou qu’on parle peu », révèle le psychiatre. 

Ces déceptions successives peuvent entrainer quelque chose de l’ordre de la dépression. Mais encore une fois, c’est plus rare dans ce sens-là.

Que faire pour retrouver le désir ?

L’humeur et le désir sont étroitement liés et s’influencent mutuellement.

D’après Pr. Kolou Dassa, Professeur de Psychiatrie à l’université de Lomé, « si l’on est dépressif ou que la libido est à zéro, il convient donc d’engager un travail avec un spécialiste en santé mentale. Il faut d’abord un médecin ou un psychiatre pour examiner et faire le diagnostic, car beaucoup de pathologies peuvent ressembler à la dépression ».

A part les médicaments, un soutien psychologique est utile, car le fait de verbaliser sa problématique avec quelqu’un de neutre est le premier pas vers la guérison.

« La psychothérapie pourra être faite par un professionnel médical de santé mentale ou par psychologue clinicien. Associer si possible des pratiques autour du corps : activité physique, massage, etc. Trouver des activités pour découvrir ou redécouvrir un plaisir, s’avère bien souvent une bonne option », indique Pr Dassa.

Que faire quand on vit avec une personne dépressive ?

« Accompagner le conjoint dans sa prise en charge. En ce qui concerne la sexualité, il s’agit de passer par des moments tactiles tendres qui ne soient pas forcément sexuels, afin d’aider son partenaire à se reconnecter à son plaisir corporel, de laisser le désir réémerger chez l’autre », recommande le spécialiste.

Enfin, il faut de la patience. C’est un moment à passer dans une vie.

Cécile, 32 ans, femme au foyer est maman d’une petite fille de 4 ans. Son conjoint est dépressif depuis plusieurs années.
« Cela a énormément pesé sur nos relations sexuelles et amoureuses. Nous avons failli nous séparer et puis finalement nous avons tenu le coup.

A force d’essais, de travail, de remise en question et d’amour, on a fini par trouver notre équilibre. Aujourd’hui, lui comme moi souffrons moins de cette situation. »

Difficile de faire preuve de patience ?

C’est aussi pour cela que la thérapie de couple est bienvenue : cela permet au partenaire de la personne dépressive de s’exprimer et à cette dernière de mesurer qu’elle peut aider le couple.

Après, si cela n’évolue pas du tout, il faut peut-être envisager d’autres solutions, en puisant dans les valeurs positives culturelles traditionnelles et religieuses.

Abel William OZIH

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