Dans les zones rurales, l’agriculture constitue la principale source de revenus pour de nombreux ménages. Pourtant, les petits producteurs et productrices, notamment les femmes, rencontrent d’importantes difficultés d’accès au financement. Faute de garanties suffisantes, ils sont souvent exclus du système bancaire traditionnel et contraints de se tourner vers des solutions informelles ou des prêts onéreux. Cette réalité freine leur développement économique et compromet leur autonomie financière.
Face à cette situation, une solution adaptée et éprouvée émerge : les Groupes d’Épargne et de Crédit (GEC), basés sur la méthodologie des Associations Villageoises d’Épargne et de Crédit (AVEC). Ces dispositifs permettent aux agriculteurs et agricultrices de mutualiser leurs ressources, d’accéder à des prêts et d’amorcer des investissements productifs.
Plusieurs organisations, telles qu’Inades-Formation Togo, l’Agence Nationale d’Appui au Développement à la Base (ANADEB) et l’Agence Nationale du Volontariat au Togo (ANVT), ont adopté cette approche et peuvent en témoigner. Après plus de huit ans d’expérience dans le domaine du développement rural, il apparaît clairement que ces dispositifs offrent une alternative crédible et durable pour pallier l’exclusion financière des petits producteurs. Grâce aux GEC, ils peuvent progressivement constituer une épargne, bénéficier de prêts sans les lourdes contraintes des banques traditionnelles et ainsi développer leurs activités.
L’une des clés du succès de ces mécanismes repose sur leur intégration dès la création des coopératives agricoles. Malheureusement, trop souvent, ces structures se trouvent dans l’attente de financements extérieurs qui tardent à venir, mettant en péril leur existence. Il est donc primordial que chaque Société Coopérative Simplifiée (SCOOPS) bénéficie d’une formation approfondie sur ces outils de financement autonome. Cette démarche permettrait aux coopératives de devenir plus résilientes et de se projeter durablement dans l’avenir.
L’adoption de cette méthodologie a déjà montré des résultats encourageants. En renforçant les capacités financières des coopérants, elle favorise leur autonomie et leur donne la possibilité de diversifier leurs activités. Dans un contexte où le secteur agricole togolais est majoritairement composé de petits exploitants, cette approche représente un véritable espoir. La Coordination Togolaise des Organisations Paysannes (CTOP-TOGO) joue d’ailleurs un rôle essentiel dans l’accompagnement de ces initiatives, en facilitant les échanges avec les Institutions de Microfinance (IMF) et en renforçant les capacités des organisations paysannes.
Afin de garantir l’efficacité et la pérennité de ces dispositifs, il est impératif de les expérimenter à grande échelle à travers une phase pilote. Cette démarche permettra de consolider les acquis et d’adapter les solutions aux réalités locales. La création de caisses d’épargne et de crédit autogérées par les coopérateurs constituerait une avancée majeure vers une autonomie financière durable.
Au-delà des enjeux économiques, cette initiative représente un véritable levier d’émancipation pour les femmes rurales. En leur offrant des moyens concrets de financer leurs activités et de s’affranchir de la dépendance économique, elle participe à une transformation profonde de la société. L’avenir de l’agriculture togolaise repose sur des solutions inclusives et adaptées, capables de donner à chaque producteur et productrice les moyens de bâtir un avenir meilleur.
Jean-Marc Ashraf EDRON
