Fiscalité et paiements au Sénégal : le nouveau droit de timbre de 1 % suscite le débat

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Fiscalité et paiements au Sénégal : le nouveau droit de timbre de 1 % suscite le débat

Depuis le 27 septembre 2025, une nouvelle législation fiscale — la loi n°2025-18 — est entrée en vigueur au Sénégal, entraînant des ajustements notables dans les transactions commerciales. L’un des changements les plus visibles est l’instauration par les supermarchés Auchan d’un droit de timbre de 1 % sur tous les paiements effectués en espèces, quelle qu’en soit la valeur.

Selon les précisions apportées par la direction d’Auchan, cette taxe n’est pas une initiative privée, mais une obligation légale imposée par les autorités fiscales. « Ce droit est collecté par nos soins pour le compte de l’État et intégralement reversé au Trésor public », a indiqué la société dans une note officielle. Cette mesure met fin à l’ancien régime qui ne visait que les paiements en numéraire supérieurs à 100 000 FCFA.

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Une mesure à double objectif

Cette nouvelle fiscalité s’inscrit dans la stratégie gouvernementale visant à accroître les recettes publiques et à encourager la digitalisation des paiements. Dans le projet de loi de finances 2026, les autorités ont d’ailleurs annoncé une hausse notable des rentrées fiscales, estimées à plus de 6 188 milliards de FCFA.
Pour le ministère des Finances et du Budget, cette orientation permet de renforcer les ressources intérieures tout en réduisant la dépendance aux financements extérieurs.

Des réactions partagées

Si certains observateurs saluent une mesure de transparence et d’efficacité budgétaire, d’autres y voient une charge supplémentaire pour les consommateurs, notamment ceux issus du secteur informel, où le paiement en espèces demeure la norme.
L’économiste sénégalais Mamadou Sylla estime que « cette politique risque d’affecter le pouvoir d’achat à court terme, surtout dans un contexte où l’inflation reste élevée » (Économie fiscale africaine, Éditions L’Harmattan, p. 212).

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Pour sa part, le professeur Abdoulaye Diouf, spécialiste des finances publiques, considère cette taxe comme un levier de modernisation économique :

« En incitant les citoyens à privilégier les paiements électroniques, l’État crée un environnement plus traçable et moins vulnérable à l’évasion fiscale »
(La Transition numérique en Afrique de l’Ouest, Karthala, 2024, p. 98).

Un tournant vers la société sans cash ?

Cette réforme pourrait accélérer la transition vers une économie davantage numérisée, où les paiements mobiles et électroniques deviennent la norme. Mais pour qu’elle soit acceptée, les experts appellent à une meilleure communication et à une progressivité dans l’application des taxes.

Comme le souligne l’imam et chroniqueur Babacar Diop,

« Toute mesure fiscale doit concilier justice sociale et intérêt collectif. L’islam, dans son esprit, prône l’équité économique et condamne les impôts injustement lourds pour les faibles »
— référence au verset : « Dieu n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité » (Coran, 2 : 286).

Ainsi, au-delà d’une simple taxe, le nouveau droit de timbre sur les paiements en espèces pose la question plus large de la justice fiscale, de la modernisation des pratiques économiques et de la protection du pouvoir d’achat des citoyens sénégalais.

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imam chroniqueur
Babacar Diop

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