Football sénégalais : donner enfin une âme à nos trophées

Partager cet article
Football sénégalais : donner enfin une âme à nos trophées

Le 20 octobre 2025 restera gravé dans l’histoire du football sénégalais. Ce jour-là, la Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp) a dévoilé son tout premier hymne officiel, signé du groupe 1 Da Beatz et produit par Rise and Vibe Studio. Une composition qui marie avec audace percussions traditionnelles et sonorités modernes, donnant à notre championnat une signature sonore forte, capable de transcender le simple spectacle sportif.

Mais si l’hymne a trouvé sa voix, le football national peine encore à trouver l’âme de ses trophées. Car dans toutes les grandes compétitions internationales, les trophées sont bien plus que des objets : ils racontent une histoire, symbolisent un rêve collectif. La Coupe du monde, avec ses silhouettes dorées tenant le globe, incarne l’universalité. La Ligue des champions, avec ses grandes oreilles, évoque la gloire et l’élégance. La Coupe d’Afrique des nations, dorée, reflète la richesse du continent et le talent africain. Même la mythique Coupe d’Angleterre traverse les siècles sans perdre sa noblesse.

À lire aussi : Aboubacry Sadikh Sy : L’architecte de l’enseignement privé et du sport sénégalais tire sa révérence

Chez nous, au Sénégal, les trophées nationaux n’ont pas cette constance symbolique. La Coupe du Sénégal, la Coupe du champion de Ligue 1… difficile de se souvenir de leur forme exacte. Ces distinctions, censées immortaliser des exploits, semblent souvent n’être que des objets temporaires, dépourvus de continuité et d’histoire.

Un dirigeant de club résumait amèrement cette situation après la casse d’un trophée de petite catégorie : « Il est temps que la FSF et la Ligue arrêtent d’acheter des coupes à Colobane. » Derrière l’ironie, la vérité est crue : nos trophées manquent d’identité, ce qui fragilise la symbolique même de la victoire. Lorsqu’un joueur soulève un trophée, il ne brandit pas seulement du métal ou du cristal : il élève un rêve national et grave dans la mémoire collective une image qui traverse le temps.

La créativité comme levier de prestige

Le Sénégal regorge d’artistes, sculpteurs et designers capables d’imaginer des trophées à la hauteur de nos ambitions sportives et culturelles. Pourquoi ne pas lancer un concours national pour repenser nos symboles sportifs ? La Coupe du Sénégal pourrait s’inspirer du baobab, arbre de vie et de résilience. Le trophée de la Ligue 1 pourrait évoquer la force du lion, emblème national. Ces symboles offriraient une cohérence visuelle et émotionnelle à nos compétitions, renforçant leur prestige et leur attractivité.

La Lsfp a montré la voie avec son hymne : il reste maintenant à sculpter cette identité dans le bronze, l’or ou le cristal de nos trophées. Le prochain champion de Ligue 1, qui recevra un chèque record de 40 millions de FCfa, mérite un trophée qui ait du poids non seulement matériel, mais historique et symbolique.

Dans un contexte où les sponsors hésitent à investir dans le football local, des symboles forts peuvent raviver l’intérêt, renforcer l’identité du produit et attirer de nouveaux partenaires. Au-delà du spectacle sportif, il s’agit aussi de prestige institutionnel. Depuis 1991 et la finale Jeanne d’Arc – Jaraaf, remise par le président Abdou Diouf, cette tradition s’est effritée. Nos trophées ont perdu leur éclat et leur pouvoir d’attraction.

À lire aussi : L’ÉGLISE DU BÉNIN EN DEUIL : DÉCÈS DE MGR ADOUKONOU, FIGURE EMBLÉMATIQUE DE LA THÉOLOGIE ET DE LA CULTURE

L’hymne de la Lsfp est une première pierre, une note prometteuse dans la partition du renouveau. Il est désormais temps de faire briller nos trophées autant que nos stades, afin que chaque victoire ait non seulement un son, mais une forme et surtout, une mémoire.

imam chroniqueur
Babacar Diop

Partager cet article

Recherche en direct

Catégories

Autres publications

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Activer les notifications Accepter Non, merci