
Paris – Le président français Emmanuel Macron a récemment ravivé le débat sur la place de l’euro dans l’ordre monétaire international, en affirmant que la monnaie unique européenne a « le potentiel de remplacer le dollar américain » en tant que principale monnaie de réserve mondiale.
Cette déclaration intervient dans un contexte où la domination historique du dollar est progressivement remise en question, notamment en raison des incertitudes liées à la politique économique des États-Unis. « Nous assistons à un moment de bascule possible », a estimé Emmanuel Macron. Selon lui, les turbulences budgétaires et géopolitiques américaines, notamment sous l’influence de l’ère Trump, ont fragilisé la confiance dans la stabilité du billet vert.
Actuellement, le dollar représente environ 59 % des réserves de change mondiales, tandis que l’euro se situe autour de 20 %. Bien que cet écart reste important, la tendance est à la diversification des réserves, avec une demande croissante de monnaies alternatives, notamment en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique.
Pour que l’euro puisse prétendre au statut de monnaie de réserve dominante, Emmanuel Macron appelle à un renforcement de l’union économique européenne. Cela passe notamment par l’achèvement de l’union bancaire, la mutualisation de certaines dettes souveraines et le développement d’un marché obligataire paneuropéen, capable de rivaliser avec la profondeur et la liquidité de celui des États-Unis.
Des économistes saluent la vision, mais restent prudents. « Le potentiel est réel, mais il ne suffit pas d’une déclaration politique. Il faut une volonté collective et des réformes structurelles profondes », analyse Marie-Noëlle Lemoine, spécialiste des politiques monétaires européennes.
En toile de fond, cette ambition européenne s’inscrit également dans une tendance mondiale à la dé-dollarisation, portée par plusieurs puissances émergentes souhaitant réduire leur dépendance vis-à-vis des États-Unis. La récente montée en puissance du yuan chinois dans certaines transactions internationales et l’essor des monnaies numériques d’État illustrent cette recomposition en cours.
Emmanuel Macron, en réaffirmant son attachement à une Europe souveraine sur le plan monétaire, lance ainsi un signal fort à ses partenaires européens. Reste à savoir si cette vision se traduira par des avancées concrètes, au-delà des intentions.