Fraude routière à Dakar : trois individus déférés après un accident au Grand Théâtre

Par Imam chroniqueur
Babacar Diop
Un accident de la circulation survenu il y a un mois devant le Grand Théâtre de Dakar vient de déboucher sur une affaire de fraude routière aux multiples ramifications. Trois personnes ont été déférées au parquet par la section Accidents de la Compagnie de Circulation du commissariat central de Dakar pour diverses infractions liées à la falsification de documents et à la violation du code de la route.
Les faits remontent au 9 septembre 2025, sur les deux voies menant au Grand Théâtre, à hauteur du Camp de l’Intendance. Un motocycliste est entré en collision avec une camionnette, provoquant un accident corporel. Lors du constat, les enquêteurs ont découvert que le motocycliste ne possédait ni assurance ni permis de conduire, tandis que le chauffeur de la camionnette n’a pu présenter qu’une simple attestation de permis.
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Invité à revenir le lendemain pour compléter son dossier, le conducteur de la camionnette a présenté un permis de conduire et une photocopie de sa pièce d’identité. Mais la vérification minutieuse effectuée par les policiers a révélé une incohérence flagrante : la photo et le nom figurant sur le permis ne correspondaient pas à son identité réelle.
Face aux enquêteurs, le suspect a fini par avouer qu’il n’était en réalité qu’un apprenti chauffeur, sans aucun titre officiel pour conduire. Il a reconnu avoir utilisé le permis de son patron, qui le lui avait remis afin qu’il effectue des livraisons et se fasse passer pour lui en cas de contrôle.
Convoqué, le propriétaire de la camionnette a reconnu les faits, confirmant avoir volontairement confié ses documents à son apprenti.
À l’issue de l’enquête, trois individus ont été présentés au parquet :
Le motocycliste, pour défaut d’assurance et de permis de conduire suivi d’un accident corporel ;
L’apprenti chauffeur, pour faux et usage de faux, défaut de permis et blessures involontaires ;
Le propriétaire du véhicule, pour complicité de faux et remise illégale de véhicule à un tiers non habilité.
Cette affaire met en lumière une fraude routière organisée, où de faux permis et des documents falsifiés sont utilisés pour contourner la loi. Elle rappelle aussi la nécessité d’un contrôle rigoureux de la part des autorités et d’une prise de conscience collective des dangers que représente la circulation de conducteurs non qualifiés.
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Comme le soulignait déjà le spécialiste sénégalais de la sécurité routière, Pr. Ibrahima Dème, dans La sécurité routière au Sénégal : entre la loi et la pratique (Éditions Harmattan, 2018, p. 94) :
« Les accidents ne sont pas seulement des drames humains, mais aussi le reflet d’un système où l’irrégularité devient norme, et où la complaisance administrative tue autant que la vitesse. »
Cette affaire du Grand Théâtre rappelle donc que la route n’est pas un espace d’improvisation, et que chaque manquement administratif peut avoir des conséquences tragiques.
Imam chroniqueur
Babacar Diop













