
La Gambie a été le théâtre d’une violente attaque à main armée dans la nuit du vendredi 21 mars, dans la région de Central River. Quatre individus armés ont pris d’assaut deux commerces, s’emparant d’une importante somme d’argent. Mais leur fuite a été perturbée par l’intervention des habitants, entraînant un échange de tirs qui a coûté la vie à l’un des assaillants.
Des commerçants ciblés en pleine nuit
L’attaque a visé deux magasins, l’un appartenant à Ahmed, un ressortissant mauritanien, et l’autre à Katim Touray, un commerçant gambien bien connu dans la région. Les braqueurs ont menacé les employés et les clients présents, exigeant la remise des fonds sous la menace de leurs armes.
D’après des témoins, les malfaiteurs, tous de nationalité sénégalaise, ont fait preuve d’une extrême brutalité, brisant des étagères et frappant violemment un employé qui tentait de s’opposer. Après quelques minutes sous tension, ils sont parvenus à s’emparer de 29 910 dalasis, soit environ 250 000 francs CFA, avant de tenter de prendre la fuite.
Une riposte inattendue des habitants
Alertés par les cris et les coups de feu, les habitants du village voisin de Kerr Nderry se sont organisés pour barrer la route aux braqueurs. Armés de bâtons, de machettes et de fusils artisanaux, ils ont tenté de stopper les criminels, provoquant une fusillade d’une rare intensité.
Au cours de l’affrontement, C. Y. Sow, l’un des assaillants, a été touché par balle. Grièvement blessé, il a été évacué vers l’hôpital général de Farafenni, où il a succombé quelques heures plus tard. Son complice, A. Ba, originaire de Sare Wurry (Sénégal), a été neutralisé alors qu’il tentait de fuir avec le sac contenant l’argent volé.
Les aveux d’un suspect clé
Interrogé par la police gambienne, A. Ba est passé aux aveux, reconnaissant sa participation au vol. Il a également révélé que l’arme utilisée lors de l’attaque appartenait à C. Y. Sow, son complice décédé. Toutefois, le fusil en question reste introuvable, ce qui laisse supposer que les braqueurs avaient un autre plan pour se débarrasser des preuves.
L’enquête a également permis de déterminer que le groupe criminel avait planifié le braquage plusieurs jours à l’avance, repérant les commerces ciblés et surveillant les habitudes des propriétaires.
Un troisième suspect capturé après une traque intense
Alors que les enquêteurs poursuivaient leurs investigations, un troisième suspect a été localisé dans un village reculé, où il s’était réfugié après avoir été blessé à la jambe lors des affrontements. Dimanche matin, une équipe de policiers et de volontaires du village est parvenue à l’interpeller sans résistance.
Selon une source sécuritaire, « l’individu était affaibli par sa blessure et n’a pas opposé de résistance. Il tentait de se soigner par ses propres moyens lorsqu’il a été capturé ».
Le suspect a immédiatement été transféré vers un centre de détention sécurisé, où il doit être entendu par les autorités pour identifier ses éventuels complices et les motivations exactes du gang.
Un quatrième homme toujours en fuite
Malgré ces avancées, le dernier membre du groupe reste introuvable. La police gambienne a déployé une équipe d’enquêteurs spécialisés pour le localiser. Les forces de l’ordre surveillent activement les frontières avec le Sénégal, craignant qu’il ne tente de fuir vers son pays d’origine.
Les autorités appellent la population à redoubler de vigilance et à signaler tout comportement suspect. « Nous mettons tout en œuvre pour mettre la main sur cet individu avant qu’il ne puisse commettre d’autres crimes », a déclaré un haut responsable de la police gambienne.
Un climat d’insécurité croissante
Ce braquage s’inscrit dans une série d’attaques visant des commerces et des domiciles en Gambie ces derniers mois. Plusieurs commerçants dénoncent une montée en flèche de l’insécurité, en particulier dans les zones reculées où la présence policière est limitée.
« Ce n’est pas la première fois que des bandits attaquent ici », déplore un habitant de Bansang, localité proche du lieu du braquage. « Nous avons besoin de plus de sécurité. Si les villageois n’avaient pas réagi, ces criminels auraient pu s’enfuir tranquillement. »
Face à cette situation alarmante, les autorités gambiennes envisagent de renforcer les mesures de sécurité, notamment par l’installation de postes de contrôle sur les axes stratégiques et la création de patrouilles de surveillance nocturnes.
Vers un renforcement de la coopération sécuritaire avec le Sénégal ?
Les enquêteurs soupçonnent que les criminels pourraient appartenir à un réseau organisé opérant des deux côtés de la frontière. Afin de prévenir de nouvelles attaques, une coopération renforcée entre la Gambie et le Sénégal est en discussion.
Un responsable sécuritaire a affirmé que des négociations étaient en cours avec les autorités sénégalaises pour faciliter l’échange d’informations et permettre une traque efficace des criminels transfrontaliers.
En attendant, les deux suspects arrêtés ont été placés en garde à vue en Gambie, où ils devraient être jugés pour vol à main armée, usage d’armes à feu et homicide. Ils encourent de lourdes peines de prison, voire la perpétuité selon la législation gambienne.
Un appel à la vigilance et à la solidarité
L’attaque de Central River met en lumière la nécessité d’une vigilance accrue dans les zones isolées. Si l’intervention rapide des villageois a permis d’éviter un massacre, il n’en demeure pas moins que la présence d’armes à feu dans les mains de criminels constitue une menace grave.
« Nous devons tous être vigilants et protéger nos communautés », insiste un chef de village local. « La meilleure défense contre ces criminels, c’est notre solidarité. »
La police gambienne invite toute personne ayant des informations sur le dernier suspect en fuite à se rapprocher des autorités afin de mettre fin à cette série d’attaques qui inquiète la population.
Imam chroniqueur Babacar DIOP