Gaza au-delà du jour du dépassement : la planète à crédit, l’humanité en faillite

Par Imam chroniqueur Babacar Diop
Le Jour du dépassement (Earth Overshoot Day), calculé par l’ONG Global Footprint Network, marque chaque année la date à partir de laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources naturelles que la Terre peut régénérer en douze mois. Pour 2025, il est tombé le 24 juillet, soit une semaine plus tôt qu’en 2024, signalant une accélération de la dette écologique mondiale.
Mais derrière ces chiffres globaux se cache une réalité plus dramatique : certaines populations n’atteignent même pas un seuil minimal de ressources vitales. À Gaza, le dépassement n’est pas annuel. Il est quotidien, total, tragique.
Une écologie du déséquilibre : le jour où Gaza ne compte plus
Pendant que l’humanité débat de résilience écologique, la bande de Gaza subit un épuisement systémique de toutes ses ressources : eau potable, nourriture, soins médicaux, électricité, oxygène même. Selon un rapport de l’OCHA publié le 29 juillet 2025, 97 % de l’eau y est impropre à la consommation, les hôpitaux fonctionnent à moins de 20 % de leur capacité, et la moitié des enfants souffrent de malnutrition sévère.
Le contraste est saisissant : tandis que les pays riches comptent leurs « jours à crédit », les Gazaouis vivent à découvert humanitaire depuis des décennies.
« À Gaza, nous ne dépassons pas les ressources de la planète. Nous n’avons jamais eu accès aux nôtres », résume Majed Bamya, diplomate palestinien à l’ONU (Conférence de Genève sur les crimes de famine, 30 juillet 2025).
Une famine fabriquée : un crime planifié
Pour Jean-Guy Vataux, chef de mission de Médecins Sans Frontières, la famine à Gaza est tout sauf accidentelle. Dans une interview à RFI le 25 juillet 2025, il affirme :
« À Gaza, la famine est produite. Ce n’est pas une pénurie naturelle, mais une stratégie militaire, par le verrouillage complet de l’aide humanitaire. »
En juillet 2025, plus de 1 200 camions d’aide humanitaire sont restés bloqués au passage de Rafah ou au terminal de Kerem Shalom, selon le Croissant-Rouge palestinien. Les images d’enfants émaciés et de bousculades lors des parachutages d’aide alimentaire sont devenues banales.
« On ne meurt pas tous les jours de faim à Gaza, on meurt lentement, invisiblement, silencieusement », témoigne Fatima Al-Qidwa, nutritionniste gazaouie (tribune au Guardian, 28 juillet 2025).
Une planète à crédit, une population en otage
Alors que des États occidentaux appellent à la sobriété énergétique, plus de 80 % des Gazaouis vivent sans électricité depuis plus de 200 jours. Là où d’autres investissent dans les énergies renouvelables, eux récupèrent l’eau de pluie et font bouillir des herbes pour survivre.
La rapporteuse spéciale de l’ONU sur le droit à l’alimentation, Hilal Elver, évoquait le 31 juillet 2025 :
« Une famine orchestrée par un blocus militaire, une punition collective interdite par le droit international, mais validée par l’inaction internationale. »
Le dépassement moral des grandes puissances
Au-delà du calcul écologique, le véritable dépassement est éthique et politique. Les conventions de Genève, le droit humanitaire, les principes de non-discrimination semblent suspendus quand il s’agit de Gaza. La communauté internationale observe, condamne verbalement, mais n’agit pas.
Comme le souligne Tariq Ramadan dans La Palestine, miroir de l’Occident (Éditions Archipoche, 2023, p. 164) :
« Il n’y a pas d’écologie possible sans justice. La paix avec la nature ne peut être atteinte si l’homme s’acharne à détruire son semblable. »
Un dépassement permanent : la Terre crie, mais Gaza saigne
En 2025, le Jour du dépassement pourrait être renommé pour certains : le jour du silence, celui où les voix des affamés s’éteignent derrière des murs et des blocus. Gaza est le miroir d’un monde écologiquement irresponsable et politiquement indifférent.
Selon Greenpeace International (communiqué du 30 juillet 2025) :
« Il ne sert à rien de sauver la planète si l’on accepte de sacrifier une partie de l’humanité. Gaza est aujourd’hui notre test de cohérence. »
Conclusion : un monde qui dépasse, une justice qui recule
Le Jour du dépassement n’est pas seulement un indicateur climatique. C’est une alarme morale. Gaza incarne le point de rupture où l’écologie cesse d’être universelle et devient une question géopolitique. Le monde vit à crédit, mais certains paient les dettes avec leur faim, leur sang et leur silence.
📢 Pour toute publication, dénonciation ou témoignage, contactez Dunia News à :📩 info@dunia-news.com ou via WhatsApp au +19516189300
📰 Dunia News – La voix de ceux qu’on n’entend pas.
Imam chroniqueur Babacar Diop
Pour Dunia News













