La question de la circoncision féminine (souvent appelée “mutilation génitale féminine” dans les débats contemporains) suscite des discussions variées dans le monde musulman. Cet article explore ce sujet à travers une analyse du Coran, de la Sunna et des avis des érudits musulmans classiques et contemporains, avec un focus particulier sur les pratiques et perceptions au Sénégal.
- Définition et Contexte
La circoncision féminine consiste en des modifications des organes génitaux externes. Les pratiques varient culturellement et géographiquement. Certains la considèrent comme une tradition culturelle tandis que d’autres l’associent à une prescription religieuse. Dans un cadre islamique, il est crucial de distinguer ce qui relève de la Sunna, de la culture ou des coutumes.
- Le Coran et la Circoncision Féminine
Le Coran ne mentionne pas explicitement la circoncision féminine. Les pratiques liées au corps humain sont généralement abordées dans un cadre de pureté et de dignité. Par exemple :
“Nous avons certes créé l’homme dans la forme la plus parfaite.” (Coran 95:4)
Ce verset souligne que le corps humain, tel qu’il a été créé, est parfait. Toute modification doit être justifiée par des besoins médicaux ou religieux clairement établis.
De plus, le Coran condamne les altérations inutiles du corps :
“Et Je leur ordonnerai, et ils altéreront la création d’Allah.” (Coran 4:119)
- La Sunna et les Avis des Savants Classiques
Les Hadiths Prophétiques
Un hadith attribué au Prophète (PSL) mentionne la circoncision féminine :
“Lorsque les deux parties circoncises se rencontrent, le ghusl devient obligatoire.” (Sahih Muslim, 349)
Certains érudits en déduisent que la circoncision féminine était connue à l’époque du Prophète, mais le hadith ne l’impose pas.
Un autre hadith souvent cité est celui rapporté par Umm Atiyyah :
“Ne coupe pas trop, car cela est meilleur pour la femme et plus apprécié par son mari.” (Sunan Abu Dawood, 5271)
Ce hadith est classé faible par certains érudits (comme Al-Albani), mais d’autres y voient une indication sur la manière d’exécuter cette pratique si elle est adoptée.
Avis des Savants Classiques
- Ibn Taymiyyah : Il a reconnu la circoncision féminine comme une coutume dans certaines communautés musulmanes, mais il n’a pas affirmé qu’elle était obligatoire.
- Ibn al-Qayyim : Dans Tuhfat al-Mawdood, il a mentionné que la circoncision féminine est une pratique honorable mais non obligatoire.
- Ibn Hajar al-Asqalani : Il a noté que l’intention de la circoncision doit être de maintenir la pureté et non de nuire.
- Cheikh Ibn Uthaymin : Il a déclaré que si la circoncision féminine cause un tort, elle est interdite en islam, car le Prophète (PSL) a dit :
“Il ne faut ni causer du tort ni se faire du tort.” (Musnad Ahmad, 2865)
- Perspectives des Marabouts Sénégalais
Au Sénégal, la pratique de la circoncision féminine est influencée par des traditions culturelles et religieuses. Certains chefs religieux, comme El-Hadj Malick Sy et Cheikh Ahmadou Bamba, ont mis l’accent sur l’éducation spirituelle plutôt que sur les pratiques physiques.
Cheikh Ibrahim Niass disait : “Les coutumes ne doivent jamais surpasser les enseignements islamiques.” Cela signifie que si une pratique culturelle entre en conflit avec l’islam, elle doit être révisée.
- Position des Savants Contemporains
Aujourd’hui, la majorité des savants musulmans s’accordent sur les points suivants :
- La circoncision féminine n’est pas obligatoire en islam.
- Si elle est pratiquée, elle doit se limiter à ce qui est mentionné dans la Sunna (selon les hadiths fiables).
- Toute pratique entraînant un tort physique ou psychologique est interdite.
Le Conseil des Fatwas d’Al-Azhar a déclaré en 2007 :
“La circoncision féminine n’a pas de fondement religieux clair et peut être abandonnée si elle cause du tort.”
- Analyse Médicale et Éthique
Les organisations médicales internationales, y compris l’OMS, dénoncent la circoncision féminine en tant que pratique dangereuse. L’islam, par principe, protège la vie et la dignité :
“Ne vous exposez pas à la perdition par vos propres mains.” (Coran 2:195)
- Conclusion : Une Pratique Culturelle et Non Religieuse
En conclusion, la circoncision féminine, bien qu’elle existe dans certaines sociétés musulmanes, n’est pas une obligation religieuse. Elle relève davantage des coutumes locales que des enseignements islamiques. Les savants appellent à une approche équilibrée, respectant les droits et la dignité des femmes, conformément aux principes fondamentaux de l’islam.
Comme le disait Cheikh Ahmadou Bamba :
“La lumière de l’islam réside dans l’éducation spirituelle, pas dans les pratiques superficielles.”
Iman chroniqueur
