Le gouvernement gambien a franchi une nouvelle étape dans la gestion du patrimoine confisqué à l’ancien président Yahya Jammeh, exilé en Guinée équatoriale depuis 2017. Dans un souci de transparence et de redevabilité, le ministère de la Justice a publié, le 9 mai, un ensemble de documents détaillant la vente de ses avoirs saisis.
Les documents émanant de la Commission Janneh – chargée d’enquêter sur les abus de pouvoir et la corruption sous le régime Jammeh – incluent des informations sur divers types de biens cédés. Parmi ceux-ci figurent des véhicules, des tracteurs, des matériaux ferreux, des meubles, du bétail, des biens immobiliers ainsi que des participations financières dans plusieurs entreprises.
Un rapport fourni par la division du shérif de l’appareil judiciaire détaille la vente de bétail, tandis que d’autres inventaires mentionnent les allocations et ventes de tracteurs à des conseils locaux, ainsi que la cession de meubles et d’aménagements opérée sous la supervision du receveur Augustus Prom. Par ailleurs, Alpha Kapital, un autre receveur mandaté par le gouvernement, a supervisé la vente de divers actifs immobiliers, de véhicules et d’actions.
Au total, les actifs financiers incluent notamment 14,32 % de parts dans Gam Petroleum, évaluées à 551,25 millions de dalasis gambiens (GMD), ainsi que des actions dans Comium Gambia Ltd, estimées à 5,75 millions GMD. Les dividendes perçus dépassent les 100 millions GMD.
Du côté de l’immobilier, les ventes ont généré environ 202,75 millions GMD. Parmi les biens les plus notables figurent une propriété située à Kerr Serign, cédée pour 50 millions GMD, et une autre à Brufut Gardens, vendue pour 41,75 millions GMD.
Le ministère de la Justice a précisé qu’il avait demandé à la division du shérif de communiquer l’identité des acheteurs ainsi que les montants précis de chaque transaction liée au bétail. Ces informations, une fois reçues, seront rendues publiques, conformément à l’engagement du gouvernement envers la transparence et le droit à l’information.
Yahya Jammeh, arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1994, a dirigé la Gambie pendant plus de deux décennies. Il a quitté le pouvoir en janvier 2017, contraint par la pression militaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), après avoir initialement refusé de reconnaître sa défaite à l’élection présidentielle de décembre 2016 face à Adama Barrow.
Depuis son exil, les autorités gambiennes se sont engagées à faire la lumière sur les abus économiques perpétrés sous son régime et à restituer les fonds détournés au profit du peuple. La liquidation de ses biens constitue une étape majeure dans cette démarche de justice et de redressement.
imam chroniqueur Babacar Diop
