Le câlin : un geste banal qui en dit long

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Le câlin : un geste banal qui en dit long

Par Imam chroniqueur Babacar Diop

Dans un monde pressé où les échanges se réduisent souvent à des émojis et des écrans, un simple câlin peut encore tout changer. Derrière ce geste apparemment anodin se cache une puissante source d’apaisement, de communication et de bienveillance.

Un remède invisible au stress moderne

Dans les rues de Dakar, au détour d’un bureau ou d’une cour familiale, les câlins restent rares, presque réservés à l’intimité. Pourtant, les chercheurs insistent : ce geste « banal » agit comme un véritable médicament émotionnel.

Une étude de l’Université de Caroline du Nord a démontré que vingt secondes d’étreinte sincère suffisent à faire baisser la pression artérielle et à stimuler l’ocytocine, l’hormone du lien affectif (Light et al., Psychosomatic Medicine, 2005).

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La psychothérapeute Virginia Satir résumait cette nécessité avec humour :

« Nous avons besoin de quatre câlins par jour pour survivre, huit pour fonctionner et douze pour croître »
(Peoplemaking, 1972, p. 48).

Autrement dit, le corps réclame ce que le cœur attend : un peu de chaleur humaine.

Quand le silence parle plus fort que les mots

Le psychiatre Boris Cyrulnik rappelle que « l’attachement ne se dit pas seulement, il se touche, il se ressent, il se vit » (Les âmes blessées, Odile Jacob, 2014, p. 113*).
Dans une société de plus en plus individualiste, le câlin devient alors un langage du cœur, une façon d’exprimer ce que la pudeur ou la douleur retiennent.

Au Sénégal, certaines familles perpétuent ce geste discret entre parents et enfants, surtout lors des retrouvailles. « Mon fils de 10 ans me saute dans les bras chaque soir, raconte Aïssatou, institutrice à Thiès. Ce moment, c’est ma recharge émotionnelle après une journée d’école. »

Le câlin, miroir de la miséricorde

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Dans la tradition islamique, le contact empreint de tendresse est une forme de miséricorde. Le Prophète Muhammad (paix et salut sur lui) embrassait les enfants, tenait ses compagnons dans ses bras et disait :

« Celui qui ne fait pas miséricorde, on ne lui fera pas miséricorde »
(Sahih al-Bukhari, n° 5997).

Pour Ibn al-Qayyim, ce geste dépasse le simple attachement humain :

« Le cœur de celui qui aime pour Allah est un refuge de douceur et de chaleur »
(Madarij as-Salikin, vol. 3, p. 291*).

Le câlin sincère devient alors une caresse spirituelle, un rappel de la bonté divine.

Un outil social de réconciliation

Le philosophe Tariq Ramadan va plus loin :

« Nous avons appris à parler, mais pas toujours à toucher avec bienveillance. Or, le contact juste peut réparer bien des blessures »
(La présence de l’âme, Presses du Châtelet, 2012, p. 177*).

Dans un contexte marqué par la violence verbale et la distance émotionnelle, ce geste peut rapprocher les générations, apaiser les tensions conjugales ou même réconcilier des amis brouillés.

La touche du chroniqueur : “Un câlin, c’est une prière muette”

« Le câlin, c’est une prière du corps. Quand une mère serre son enfant ou qu’un vieil ami t’enlace sans mot, c’est comme si Dieu rappelait qu’il reste encore de l’amour dans ce monde. Nous avons besoin de ces étreintes qui réparent l’âme bien plus que les discours. »
(Imam chroniqueur Babacar Diop)

Le mot de la fin

En définitive, le câlin est tout sauf anodin. Il soigne sans médicament, relie sans parole et rassure sans explication. Dans une époque qui valorise la performance plus que la tendresse, il rappelle cette vérité simple : le corps sait dire “je t’aime” mieux que la langue.

Imam chroniqueur
Babacar Diop

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