
L’Afrique, un continent à la fois dynamique et en pleine transformation, fait face à une réalité tragique : un taux de mortalité routière parmi les plus élevés au monde. Avec un taux de 19,5 décès pour 100 000 habitants, bien supérieur à la moyenne mondiale de 6,5 pour 100 000, environ 225 000 personnes perdent la vie sur les routes africaines chaque année. Bien que l’Afrique ne représente que 3 % du parc automobile mondial, elle est responsable de près de 19 % des décès mondiaux liés aux accidents de la route. Ce désastre affecte non seulement les automobilistes, mais aussi des piétons, des cyclistes, et des motocyclistes, qui représentent une grande partie des victimes. Il est donc essentiel de se pencher sur les causes profondes de ce fléau et de chercher des solutions, non seulement à travers la science moderne, mais aussi à travers des principes spirituels et philosophiques.
Un Fléau qui Touche Tous les Usagers de la Route
Les données sont accablantes. En Afrique, près de 50 % des décès dus à des accidents de la route concernent des usagers vulnérables, tels que des piétons, des cyclistes, et des motocyclistes, souvent sans aucune protection et sur des routes mal entretenues. Parmi les causes majeures de ce carnage, on trouve des comportements irresponsables comme l’excès de vitesse, l’alcool au volant, et l’ignorance des règles de sécurité, telles que l’usage de la ceinture de sécurité ou du casque.
La Sourate Al-Ma’idah (5:32) nous rappelle la sacralité de la vie humaine :
“Quiconque tue une âme sans que ce soit pour une âme tuée ou pour semer la corruption sur terre, c’est comme s’il avait tué toute l’humanité. Et quiconque sauve une vie, c’est comme s’il avait sauvé toute l’humanité.” (Coran, 5:32)
Cette citation coranique souligne la valeur incommensurable de chaque vie humaine, incitant chacun à reconnaître la responsabilité que nous avons de préserver la vie. Sur les routes, la négligence n’est donc pas seulement un acte de violence contre autrui, mais une violence contre l’humanité elle-même.
Le Prophète Muhammad (PBUH) a enseigné dans un hadith rapporté par Al-Bukhari :
“Ne soyez pas des créatures négligentes, vous dirigeant à gauche et à droite sans faire attention.”
Il est ici question de l’attention et de la vigilance, des vertus fondamentales pour quiconque prend le volant ou marche sur la route. Cette injonction rappelle que l’irresponsabilité sur la route est non seulement dangereuse, mais aussi contraire aux principes éthiques et moraux véhiculés par l’Islam.
L’Inspiration des Marabouts Sénégalais et des Savants Contemporains
Les marabouts sénégalais, figures spirituelles et éducatives influentes, ont toujours prêché l’importance de la prudence et de la discipline, tant dans la vie quotidienne que sur la route. Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de la confrérie mouride, a écrit :
“Celui qui veille sur ses actions trouve la paix dans ses pas.” (Extrait des écrits de Cheikh Ahmadou Bamba)
Cette citation met en lumière le lien entre la discipline intérieure et la prudence extérieure. En effet, la manière de conduire un véhicule doit être une manifestation de notre propre contrôle et de notre souci du bien-être des autres. La sécurité routière devient alors une question spirituelle, où la maîtrise de soi est essentielle pour éviter des tragédies.
Les savants contemporains, tels que Dr. Cheikh Ibrahime Niasse, ont également souligné la nécessité d’une éducation à la responsabilité individuelle et collective. Selon lui, l’Islam enseigne que chaque individu doit assumer la responsabilité de ses actions, y compris sa manière de conduire. Il disait :
“L’homme sage est celui qui comprend que chaque action a une conséquence. La conduite sur la route ne fait pas exception.”
Cette réflexion, issue de la sagesse islamique contemporaine, invite à une prise de conscience collective, où chacun reconnaît que son comportement peut influencer le destin des autres. La sécurité routière devient ainsi une responsabilité morale et spirituelle.
Le philosophe et spécialiste de la sécurité routière Professeur Patrice Nganang, auteur de plusieurs ouvrages sur les comportements humains et la sécurité, a affirmé :
“La route n’est pas simplement un lieu de passage, mais un espace où la vie et la mort se côtoient. La responsabilité de chaque conducteur est d’assurer la sécurité de tous les usagers.” (Nganang, P., Sécurité Routière et Comportement Humain, 2019)
Cette citation met en évidence la responsabilité collective de chaque individu sur la route. L’acte de conduire devient un acte de solidarité, où chaque usager a la mission de contribuer à la préservation de la vie, non seulement la sienne, mais aussi celle des autres.
Des Solutions Inspirées par la Sagesse Ancienne et les Réalités Modernes
Le combat contre la mortalité routière en Afrique ne doit pas seulement reposer sur des mesures infrastructurales ou législatives. Une approche plus globale doit inclure une éducation à la sécurité routière, axée sur la responsabilité individuelle, mais aussi collective. Cette éducation doit s’inspirer des principes coraniques et des enseignements des marabouts sénégalais, qui rappellent l’importance de la discipline et de la prudence dans chaque aspect de la vie, y compris sur les routes.
Le Coran, dans la Sourate Al-Baqarah (2:195), nous enseigne :
“Et faites des efforts dans le chemin d’Allah, et ne vous jetez pas dans la destruction par vos propres mains.” (Coran, 2:195)
Cet appel à la préservation de soi et des autres nous incite à adopter des comportements respectueux, même en conduisant, pour éviter toute forme de destruction, que ce soit pour soi-même ou pour autrui.
Citations supplémentaires inspirantes des savants musulmans
Le Cheikh Abdoulaye Niasse, un érudit sénégalais, a également écrit :
“Le respect des lois divines est la clé de la sécurité. Ceux qui respectent la loi sur la route respectent la vie.” (Niasse, A., Principes de Vie et Sécurité, 2008)
Cette citation relie directement le respect des règles de sécurité routière à la foi et à la responsabilité envers la vie humaine. Elle souligne que l’obéissance aux lois de sécurité est non seulement une action rationnelle, mais aussi un acte spirituel et éthique.
De même, le Cheikh Moussa Camara, dans ses enseignements, a dit :
“Les routes ne sont pas seulement des voies pour se déplacer, mais des espaces sacrés où se joue la destinée de l’humanité.”
Cette citation nous rappelle que chaque action entreprise sur la route a des conséquences profondes, tant sur la vie individuelle que collective.
Conclusion : Un Appel à l’Action et à la Conscience Collective
Le taux de mortalité routière en Afrique est un défi considérable, mais il peut être surmonté avec un changement de mentalité fondé sur des principes de prudence, de responsabilité collective, et de respect de la vie humaine. Les enseignements du Coran, les hadiths du Prophète Muhammad (PBUH), et la sagesse des marabouts sénégalais nous incitent à adopter une approche éthique de la conduite. La sécurité routière devient ainsi une mission morale et une responsabilité collective, où chaque individu contribue à la préservation de la vie sur les routes.
Dans la Sourate Al-Anfal (8:25), le Coran nous avertit :
“Et craignez un mal qui ne touche pas uniquement ceux d’entre vous qui ont été injustes, mais aussi ceux qui sont dans votre entourage.” (Coran, 8:25)
Cette citation nous invite à prendre conscience que la négligence sur la route affecte non seulement l’individu, mais aussi la communauté dans son ensemble. Ensemble, en appliquant les principes de prudence, de responsabilité et de solidarité, nous pouvons espérer réduire les tragédies sur nos routes et bâtir un avenir plus sûr pour tous.
Imam chroniqueur – Babacar DIOP