L’élève à l’ère de l’intelligence artificielle : entre apprentissage et dépendance numérique

Partager cet article
L’élève à l’ère de l’intelligence artificielle : entre apprentissage et dépendance numérique

Par Imam Babacar DIOP, chroniqueur et essayiste

Une révolution à double tranchant

L’intelligence artificielle, jadis simple auxiliaire de l’homme, s’impose aujourd’hui comme un acteur majeur du savoir. En bouleversant notre rapport à la connaissance, elle remet en question la vocation même de l’école et du métier d’élève.
L’outil, conçu pour assister l’esprit, semble désormais vouloir s’y substituer.

Comme le souligne Yuval Noah Harari dans Homo Deus. Une brève histoire de l’avenir (Albin Michel, 2017, p. 345),

À lire aussi : Signature imminente de l’accord de cessez-le-feu à Gaza : Trump met en avant le rôle clé d’Erdogan

« Lorsque les algorithmes commenceront à mieux nous comprendre que nous-mêmes, l’autorité du savoir risque de quitter les humains pour passer aux machines. »

Ce basculement inquiète : à mesure que l’IA s’impose, la figure de l’élève, artisan de sa propre intelligence, s’efface lentement.

« Quand l’élève confie sa pensée à la machine, il cesse d’apprendre pour devenir simple témoin du raisonnement d’autrui. L’intelligence cesse alors d’être un effort et devient une consommation. »
(Imam chroniqueur Babacar Diop)

L’école, sanctuaire de la formation humaine

L’école est bien plus qu’un lieu d’enseignement : c’est un sanctuaire où l’on apprend à penser, à douter, à échouer et à se relever. Elle forge des consciences et non des automates.
Le philosophe Souleymane Bachir Diagne rappelle justement :

« L’école est un espace où s’inventent des humanités nouvelles, capables de penser la technique sans lui être asservies » (En quête d’Afrique(s), Albin Michel, 2018, p. 92).

Pourtant, à l’ère du numérique, beaucoup d’élèves réduisent l’acte d’apprendre à celui de recevoir des réponses toutes faites.
Or, selon François Taddei,

« L’intelligence humaine n’est pas dans la vitesse d’accès à la réponse, mais dans la lenteur du questionnement » (Apprendre au XXIᵉ siècle, Calmann-Lévy, 2018, p. 56).

C’est cette lenteur féconde qu’il faut réhabiliter.

« L’éducation véritable ne consiste pas à avoir les bonnes réponses, mais à apprendre à interroger le monde. La question est le souffle de la foi et la respiration de la raison. »
(Imam chroniqueur Babacar Diop)

L’intelligence humaine, une aventure spirituelle

Apprendre, c’est une ascèse. C’est accepter le doute et la fatigue pour parvenir à la lumière de la compréhension.
Michel Serres écrivait déjà :

À lire aussi : AIBD : 32 kg de haschich saisis sur un passager en provenance d’Asie

« Le savoir, désormais disponible sur la Toile, n’appartient plus à personne ; l’enjeu devient de savoir naviguer parmi les connaissances » (Petite Poucette, Le Pommier, 2012, p. 28).

Mais naviguer n’est pas comprendre. L’IA donne des réponses, mais elle ne donne pas de sens.
Le Coran rappelle :

« Dis : sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? » (Sourate 39, verset 9).

Et Ibn Taymiyya soulignait :

« La vraie science n’est pas ce qui se retient par cœur, mais ce qui illumine le cœur et réforme les actes » (Majmūʿ al-Fatāwā, vol. 7, p. 67).

« La science sans conscience, disait Rabelais, n’est que ruine de l’âme. Mais à notre époque, la science sans éthique risque de devenir ruine de l’humanité tout entière. »
(Imam chroniqueur Babacar Diop)

Réhabiliter le métier d’élève

Être élève est un métier noble, bien qu’invisible et sans salaire immédiat. C’est un engagement total du corps et de l’esprit, une discipline du quotidien qui forge la patience, la mémoire et la créativité.
Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké l’exprimait ainsi :

« Le travail purifie l’âme, fortifie le cœur et élève l’esprit » (Massalik al-Jinân, vers 1124).

De son côté, Ibn al-Qayyim avertit :

« L’âme se corrompt dans la facilité, mais se redresse dans l’effort et la discipline » (Madarij as-Salikin, vol. 2, p. 114).

« Le métier d’élève est une prière silencieuse : chaque effort est un acte d’adoration, chaque échec une occasion de renaître. Celui qui apprend avec sincérité accomplit une forme de djihad intellectuel. »
(Imam chroniqueur Babacar Diop)

Préserver la lenteur, sauver l’humain

La lenteur, en apprentissage, n’est pas un défaut : elle est le temps de la maturation.
Tariq Ramadan plaide pour « une éthique de la connaissance qui place la technologie au service de l’humain, et non l’inverse » (La Réforme radicale, Presses du Châtelet, 2008, p. 234).

À lire aussi : Tragédie à Sédhiou : Une collégienne de 14 ans retrouvée morte dans sa chambre

« L’IA peut être un guide, mais jamais un maître. L’élève doit rester le centre de la lumière, non son ombre. Quand la technologie précède la conscience, la civilisation recule. »
(Imam chroniqueur Babacar Diop)

Préserver l’effort humain à l’école, c’est préserver la dignité de la pensée. C’est défendre le droit de chaque enfant à apprendre à la fois avec la main, le cœur et l’esprit.

Conclusion

Le métier d’élève est un droit sacré et un devoir universel : celui de s’éduquer, de se former et de s’épanouir.
L’enjeu n’est pas d’opposer l’intelligence humaine à l’intelligence artificielle, mais de rappeler que la première est vivante, sensible, spirituelle — tandis que la seconde n’est qu’un reflet sans âme.

Cheikh El Hadji Malick Sy affirmait :

« Celui qui apprend pour servir la vérité, Dieu lui enseignera ce que les machines ne comprendront jamais » (Khilaçu Z-Zahab, vers 57).

Et Imam chroniqueur Babacar Diop conclut :

« L’école n’est pas un laboratoire de robots, mais un atelier d’âmes. L’avenir appartiendra à ceux qui apprendront à penser avec le cœur aussi bien qu’avec l’esprit. »

Imam chroniqueur
Babacar Diop

Partager cet article

Recherche en direct

Catégories

Autres publications

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Activer les notifications Accepter Non, merci