
Un projet de l’administration américaine suscite une vive controverse sur la scène internationale. Selon un document confidentiel obtenu par The Washington Post, les autorités américaines envisagent d’étendre leur politique de restriction d’entrée sur le territoire à 36 nouveaux pays, dont 25 nations africaines. Le Sénégal figure sur cette liste, aux côtés de l’Égypte, de l’Éthiopie, de Djibouti, et de plusieurs pays d’Asie centrale, des Caraïbes et du Pacifique, tels que la Syrie, le Cambodge, le Kirghizstan ou encore le Vanuatu.
La mesure, détaillée dans une note signée par l’actuel secrétaire d’État Marco Rubio, impose aux pays concernés un délai de 60 jours pour se conformer à une série d’exigences strictes imposées par Washington. À défaut, ces nations pourraient faire l’objet de sanctions limitant fortement, voire suspendant, l’octroi de visas ou l’entrée de leurs ressortissants sur le sol américain.
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Critères invoqués : sécurité, fiabilité documentaire et immigration irrégulière
Parmi les motifs invoqués par l’administration Trump pour justifier cette mesure figurent l’incapacité de certains pays à délivrer des documents d’identité sécurisés, des cas fréquents de fraude dans les registres d’état civil, ou encore une importante proportion de visas expirés. Des inquiétudes sont également exprimées concernant des voies d’accès facilitées à la citoyenneté américaine par le biais d’investissements financiers, sans obligation de résidence effective aux États-Unis.
Le document évoque en outre des « préoccupations sécuritaires » liées à des allégations d’activités antisémites ou antiaméricaines observées dans certains États visés.
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Des mesures alternatives exigées sous 48 heures
Les gouvernements de ces pays ont jusqu’à mercredi 8h (12h GMT) pour soumettre un plan d’action crédible répondant aux exigences américaines. En l’absence d’une réponse satisfaisante, ils devront négocier des accords avec des « pays tiers sûrs » en vue d’y réacheminer les ressortissants de pays tiers qui transiteraient par leur territoire vers les États-Unis.
Ce projet s’inscrit dans la continuité des politiques migratoires de Donald Trump, qui avaient conduit, lors de son premier mandat, à l’interdiction d’entrée sur le territoire américain pour les ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane. Si certaines de ces décisions avaient été annulées par son successeur Joe Biden, l’actuelle administration semble déterminée à reprendre le contrôle de la politique migratoire par des mesures encore plus larges.
Des critiques immédiates aux États-Unis et à l’étranger
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La proposition a provoqué une vague de réactions de la part de l’opposition démocrate et des organisations de défense des droits civiques. Celles-ci dénoncent une politique discriminatoire ciblant essentiellement des pays du Sud global, et notamment des États africains et caribéens. Selon eux, cette nouvelle directive constitue un retour aux pratiques d’exclusion sélective, jugées contraires aux valeurs d’égalité et de diversité qui fondent la démocratie américaine.
À l’échelle internationale, plusieurs chancelleries africaines commencent à exprimer leur inquiétude. Au Sénégal, bien que les autorités n’aient pas encore officiellement réagi, des voix s’élèvent déjà dans la société civile pour appeler à une réponse diplomatique ferme. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes dénoncent une « stigmatisation inacceptable » des Africains et appellent à une réévaluation des relations avec Washington.
Un climat diplomatique tendu
Ce durcissement des règles migratoires intervient dans un contexte de tensions accrues entre les États-Unis et plusieurs pays du continent, notamment autour de questions sécuritaires, commerciales et stratégiques. La volonté américaine de renforcer ses contrôles frontaliers pourrait ainsi avoir des répercussions diplomatiques significatives, surtout dans les pays d’Afrique de l’Ouest, traditionnellement alliés des États-Unis.
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Alors que Donald Trump continue de promouvoir une politique migratoire fondée sur des critères sécuritaires stricts, cette initiative risque d’approfondir le fossé avec de nombreux pays en développement. Reste à savoir si une mobilisation internationale pourra infléchir ce projet dans les prochaines semaines.
. imam chroniqueur Babacar Diop