Les mirages de la facilité : quand la quête du gain rapide détruit l’âme et la société

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Les mirages de la facilité : quand la quête du gain rapide détruit l’âme et la société

Par Imam chroniqueur Babacar Diop

À l’heure où la soif d’argent facile semble gagner les esprits, les faits divers se succèdent et se ressemblent. Arnaques, escroqueries, promesses de “multiplication d’argent”… Le pays semble pris dans le piège du raccourci. Et pourtant, le danger n’est pas seulement matériel : il touche aux fondements moraux et spirituels de notre société.

Un scénario devenu banal

À Dakar comme ailleurs, les histoires d’arnaque défraient la chronique. La plus récente : une jeune domestique qui aurait subtilisé plus de six millions de francs CFA à son employeuse pour les envoyer à un inconnu lui promettant de « faire fructifier » la somme. Le résultat est connu : pas de miracle, mais une arrestation.

Ce drame illustre une dérive collective : l’illusion qu’on peut atteindre la richesse sans effort. Une croyance qui, selon les observateurs, traduit la montée d’un matérialisme sans repères.

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Le Coran, rappel à la réalité

Face à cette tentation du gain rapide, le message coranique demeure d’une clarté absolue :

« Et que l’homme ne peut obtenir que ce qu’il a recherché. Et son effort sera vu ensuite. »
(Sourate An-Najm, 53 : 39-40).

Ce verset, rappelle l’Imam Babacar Diop, « renverse l’illusion moderne du succès sans travail ».

« Le Coran ne promet pas la richesse à celui qui prie sans agir, mais à celui qui agit avec droiture et foi. L’effort, quand il est sincère, devient une forme d’adoration. »

Le Prophète Muhammad ﷺ allait dans le même sens :

« Personne n’a jamais mangé de nourriture meilleure que celle qu’il a gagnée par le travail de sa main. »
(Rapporté par al-Bukhari, n° 2072).

Naïveté et cupidité : un tandem dangereux

Cette nouvelle culture du raccourci est nourrie à la fois par la naïveté et la cupidité.
Le philosophe André Comte-Sponville avertissait :

« La morale ne protège pas de la bêtise, mais elle en limite les dégâts. »

Pour Ibn al-Qayyim, grand théologien musulman, le piège est spirituel avant tout :

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« Le diable embellit toujours la voie de la facilité, mais derrière chaque raccourci se cache une chute. »
(Madarij as-Salikin, t. 2, p. 322.)

Et Ibn Taymiyya rappelait avec sagesse :

« Le vrai miracle n’est pas d’obtenir beaucoup, mais d’être content de peu. »
(Majmou’ al-Fatawa, vol. 10, p. 647.)

Un tissu social qui se fissure

Au-delà des cas individuels, cette dérive affaiblit le lien social. La confiance, socle des relations humaines, cède la place à la méfiance. La morale, autrefois pilier de la communauté, recule devant la ruse et la rumeur.

Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, dans L’encre des savants (p. 114), prévient :

« Quand la société cesse de croire en la vérité, elle finit par idolâtrer le mensonge. »

Même constat pour Tariq Ramadan, dans Être musulman européen (p. 89) :

« Le vrai combat de notre temps n’est pas économique, mais éthique. »

Revenir à la richesse du cœur

La crise du sens touche toutes les couches sociales. Beaucoup veulent briller, peu veulent bâtir.
Or, le Prophète ﷺ a dit :

« La richesse ne réside pas dans l’abondance des biens, mais dans la richesse du cœur. »
(Rapporté par Muslim, n° 1051.)

Pour l’Imam chroniqueur Babacar Diop, « la plus grande pauvreté de notre époque n’est pas le manque d’argent, mais la perte de la honte ».

« Le plus grand vol n’est pas celui de l’argent, mais celui de la conscience. Quand un peuple perd la honte, il perd la lumière. »

Un propos qui rejoint la pensée de l’économiste Amartya Sen, dans Development as Freedom (p. 36) :

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« La liberté véritable commence quand l’homme retrouve la valeur morale de l’effort. »

Un appel à la responsabilité collective

Dans cette époque de mirages, il devient urgent de redonner sens au travail, à la droiture et à la dignité.
Le Coran nous enjoint à cette transformation intérieure :

« Dieu ne change pas l’état d’un peuple tant qu’ils ne changent pas ce qui est en eux-mêmes. »
(Sourate Ar-Ra’d, 13 : 11).

L’Imam chroniqueur Babacar Diop conclut :

« Nous ne reconstruirons pas le Sénégal par des miracles, mais par le mérite. Que chaque citoyen retrouve la fierté du travail bien fait, car c’est là que commence la véritable baraka. »

Par Imam chroniqueur
Babacar Diop

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