
Une étude récente suggère que le jeûne intermittent pourrait raviver le désir sexuel, du moins chez les souris. Des experts s’interrogent sur la transposabilité de ces résultats à l’humain.
Le jeûne intermittent, déjà vanté pour ses bienfaits métaboliques et son impact sur la longévité, pourrait avoir un effet inattendu sur la libido. Une étude récente menée par le Centre allemand des maladies neurodégénératives et l’Université de Qingdao (Chine) a observé que des souris mâles soumises à un régime alimentaire alternant 24 heures de jeûne et 24 heures d’alimentation libre se reproduisaient plus fréquemment, malgré leur âge avancé et une baisse de testostérone. Une découverte qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles approches pour stimuler le désir chez l’humain.
Un regain d’activité sexuelle chez les souris âgées
Les chercheurs ont mené des tests sur des souris âgées, observant leur comportement sexuel après plusieurs mois de jeûne intermittent. Étonnamment, malgré des niveaux de testostérone plus faibles, les souris qui avaient suivi un régime de jeûne se reproduisaient à un rythme beaucoup plus élevé que celles nourries normalement. Ce phénomène a été mis en évidence par le Dr Dan Ehninger, auteur principal de l’étude, qui précise : “Les mâles soumis au jeûne avaient des relations sexuelles beaucoup plus fréquemment que les souris du groupe contrôle, dont l’alimentation était normale” (Cell Metabolism).
Le rôle clé de la sérotonine
Les chercheurs ont exploré le lien entre ce comportement sexuel accru et la sérotonine, un neurotransmetteur souvent lié à la régulation de l’humeur et du désir. Dans le contexte du jeûne intermittent, la diminution du tryptophane — acide aminé nécessaire à la production de sérotonine — pourrait être responsable d’une réduction de ses niveaux dans le cerveau, ce qui pourrait, en théorie, stimuler la libido. Le Dr Ehninger ajoute : “Nous pensons que la diminution de la sérotonine joue un rôle majeur dans le comportement sexuel des souris à jeun. Cela pourrait expliquer le regain d’activité sexuelle observé malgré une baisse des hormones sexuelles.” (NYP Post).
Une piste prometteuse, mais des recherches humaines restent nécessaires
Bien que les résultats chez les souris soient fascinants, les experts insistent sur la prudence avant de généraliser ces découvertes à l’homme. Le Dr Yu Zhou, professeur à l’Université de Qingdao et co-auteur de l’étude, souligne : “Nous devons approfondir ces recherches avant d’appliquer ces résultats à la population humaine. Les effets du jeûne sur la libido humaine pourraient être influencés par des facteurs complexes et spécifiques à chaque individu.” (ScienceDaily).
Des chercheurs comme le Dr Mark Mattson, ancien chef du Laboratoire des neurosciences au National Institute on Aging, ont également étudié les effets cognitifs et physiques du jeûne intermittent, mais sans se pencher spécifiquement sur la santé sexuelle. Cependant, dans une interview avec The New York Times, il a noté : “Le jeûne intermittent a un impact notable sur la régulation hormonale et la santé métabolique, mais son influence sur la libido humaine est encore un domaine largement inexploré.” (NYT).
Le jeûne intermittent : un outil pour une libido saine ?
La baisse de libido est un problème courant qui touche de nombreuses personnes à différents stades de la vie. Elle peut être liée à des facteurs psychologiques, hormonaux ou médicaux. Si une baisse ponctuelle du désir sexuel n’est généralement pas préoccupante, des épisodes récurrents ou persistants doivent être pris au sérieux. Certains experts, comme le Dr Krista Varady, professeur de nutrition à l’Université de l’Illinois, indiquent que “le jeûne intermittent pourrait être une option naturelle pour stimuler la libido, en particulier lorsqu’il est combiné à un mode de vie sain, y compris une alimentation équilibrée et une activité physique régulière.” (Krista Varady – ResearchGate).
En effet, des approches plus naturelles, comme le jeûne intermittent, pourraient s’avérer bénéfiques pour la santé sexuelle, si elles sont intégrées dans une routine de bien-être général. Des chercheurs du domaine de la nutrition et des neurosciences s’accordent à dire qu’une meilleure compréhension des effets de la restriction calorique sur le cerveau humain pourrait un jour offrir des solutions novatrices à ceux qui souffrent de troubles de la libido.
Conclusion : vers une nouvelle ère de la santé sexuelle ?
Bien que les résultats de cette étude soient encore en phase préliminaire, ils offrent une perspective nouvelle sur la manière dont le jeûne intermittent pourrait influencer le désir sexuel. Si les recherches futures confirment ces résultats chez l’humain, le jeûne intermittent pourrait devenir un outil naturel et efficace pour lutter contre la baisse de libido, en complément d’autres traitements ou approches thérapeutiques. À suivre de près, donc, car ce domaine encore peu exploré pourrait bien receler des découvertes passionnantes pour le bien-être global.
Iman chroniqueur Babacar DIOP