
Par Frédéric Herman Tossoukpe – 18 avril 2025 | Source : Midi Madagascar
Ambatomanoina, Analamanga – C’est une scène mêlant colère, tristesse et soulagement qu’a connue la commune rurale d’Ampananganana, dans le district d’Ambatomanoina, suite à l’annonce de l’arrestation de quatre individus soupçonnés d’avoir profané un caveau familial au début du mois d’avril. L’un des suspects a été mortellement touché par les gendarmes alors qu’il tentait de s’enfuir lors de l’opération.
Un crime odieux dans une société fondée sur le respect des ancêtres
Les faits remontent au 7 avril 2025, lorsqu’un caveau situé dans cette commune de la région Analamanga a été vandalisé. Les voleurs ont exhumé et emporté les ossements de plusieurs défunts, déclenchant l’indignation dans une population fortement attachée aux rites funéraires et au culte des ancêtres.
La profanation d’une tombe constitue, au-delà d’un crime pénal, un sacrilège dans la culture malgache. Le respect des morts est un pilier fondamental des valeurs sociales et spirituelles de nombreuses communautés de la Grande Île. Le vol des restes humains, souvent lié à des pratiques occultes ou à un trafic macabre, reste l’un des crimes les plus abominables aux yeux de l’opinion publique.
Une traque méthodique des suspects
Alertée, la gendarmerie a immédiatement ouvert une enquête, mobilisant des unités locales et régionales. Après plusieurs jours de filature, les forces de l’ordre ont localisé le groupe de suspects. L’opération menée a permis l’arrestation de quatre individus, tandis qu’un cinquième, tentant de fuir, a été abattu sur place.
Les ossements volés ont été retrouvés lors des perquisitions et seront prochainement réinhumés selon les rites traditionnels. Les familles endeuillées, en larmes, ont exprimé leur profonde reconnaissance aux autorités pour leur engagement et leur réactivité.
Une enquête toujours en cours
Les investigations se poursuivent afin de déterminer l’existence d’un réseau plus large, et d’identifier les destinataires finaux de ces restes humains. Il n’est pas exclu que ces actes soient liés à un trafic à but commercial, ésotérique ou rituel.
Dans une déclaration publique, la gendarmerie a réaffirmé sa détermination à lutter contre la profanation des tombes, et a appelé les populations rurales à la vigilance et à la coopération en cas de comportements suspects autour des sites funéraires.
La mémoire comme rempart
Au-delà des aspects juridiques, ce drame soulève un enjeu moral et identitaire majeur : préserver l’intégrité des lieux de mémoire, maintenir le respect envers les défunts, et faire face à la montée de pratiques clandestines souvent alimentées par la pauvreté et les croyances détournées.
La commune d’Ampananganana, traumatisée, espère désormais que la justice saura punir les coupables à la hauteur du choc infligé à toute une communauté.