Madagascar : Une nouvelle équipe gouvernementale entre refondation et pari de renouveau

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Madagascar : Une nouvelle équipe gouvernementale entre refondation et pari de renouveau

Après deux reports successifs, la cérémonie de présentation du gouvernement de la Refondation s’est finalement tenue ce mardi au palais d’État d’Iavoloha. Sous la présidence de Michaël Randrianirina, cette nouvelle équipe entend marquer une rupture avec le passé et amorcer une ère de réforme et de transparence à Madagascar.

Composé de 29 membres, dont 10 femmes et 19 hommes, le gouvernement affiche une mixité prometteuse, tout en maintenant une structure quasi identique à celle de l’équipe sortante, selon l’agence Anadolu. Mais la véritable nouveauté réside dans l’arrivée de figures féminines issues de l’opposition, désormais placées à des postes clés du dispositif étatique.

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Trois femmes d’opposition aux commandes de ministères stratégiques

Parmi elles, Christine Razanamahasoa, ancienne ministre de la Justice et ex-présidente de l’Assemblée nationale, fait un retour remarqué au sein du pouvoir. Ancienne alliée d’Andry Rajoelina avant d’en devenir l’opposante, elle hérite désormais du portefeuille des Affaires étrangères.

Autre symbole fort : Fanirisoa Erinaivo, ex-magistrate connue pour son engagement anticorruption et sa fermeté envers l’ancien régime. Exilée en France depuis 2018, elle revient au pays pour prendre la tête du ministère de la Justice, un poste hautement sensible à Madagascar.

Enfin, Hanitra Razafimanantsoa, députée du parti Tiako i Madagasikara fondé par Marc Ravalomanana, devient ministre d’État chargée de la Refondation. Sa nomination incarne la volonté du nouveau président de rassembler au-delà des clivages politiques.

Des défis immenses et un cap fixé à deux mois

Dans un discours bref mais ferme, le président Michaël Randrianirina a défini les priorités de son gouvernement : la lutte contre l’impunité, la rigueur budgétaire et la création d’un climat d’affaires apaisé.

« Chaque ministre doit avoir des résultats concrets d’ici deux mois. L’absence de résultats dans ce délai sera considérée comme un échec et pourrait conduire à un remplacement immédiat », a-t-il averti.

Cette annonce traduit une volonté de rupture avec les pratiques d’inertie administrative qui ont souvent ralenti les réformes précédentes. Le chef de l’État semble vouloir imposer une culture du résultat, jusque-là rare dans la vie politique malgache.

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Entre espoir et prudence

Si la nomination de personnalités issues de l’opposition suscite l’espoir d’un nouveau départ, certains observateurs appellent à la prudence. L’analyste politique malgache Jean-Pierre Rakotoarivelo souligne que « la refondation ne peut réussir sans réconciliation nationale et sans transparence dans la gestion des ressources publiques » (Le Débat malgache, éd. Tany, 2023, p. 214*).

Le gouvernement de la Refondation démarre donc sur une note d’espoir prudent, entre ambitions de réforme et réalités politiques complexes. Dans les rues d’Antananarivo, nombreux sont les citoyens qui espèrent que ce nouveau départ s’accompagnera enfin d’une amélioration tangible de leurs conditions de vie.

imam chroniqueur
Babacar Diop

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