Mali : libération d’un opposant politique après un mois de détention non revendiquée

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Mali : libération d’un opposant politique après un mois de détention non revendiquée

Après un mois de disparition mystérieuse, Alassane Abba, figure politique malienne de premier plan et ancien secrétaire général du parti Codem (Convergence pour le développement du Mali), a été relâché ce jeudi dans des circonstances encore opaques. Son fils, Alhousseini Jannatta Alassane, a confirmé qu’il avait été déposé le long d’une route à Bamako par des individus non identifiés.

Les proches de M. Abba affirment qu’il avait été enlevé le 9 mai, peu après avoir publiquement dénoncé la répression croissante des libertés civiques au Mali, notamment l’absence d’élections depuis le coup d’État militaire de 2021. Selon eux, les services de renseignement maliens seraient impliqués dans cette disparition, bien qu’aucune autorité officielle ne l’ait reconnu ni n’ait commenté l’affaire à ce jour.

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La disparition de M. Abba s’était produite en marge de manifestations pro-démocratie à Bamako, au cours desquelles plusieurs voix politiques ont critiqué la dérive autoritaire de la junte militaire au pouvoir et réclamé un retour à l’ordre constitutionnel. De nombreuses figures de l’opposition sont toujours détenues, selon les organisations de défense des droits humains.

La situation politique au Mali reste extrêmement tendue. Le pays, enclavé dans la région sahélienne et en proie à une grave crise sécuritaire alimentée par les violences djihadistes, a connu deux coups d’État en moins de deux ans, en 2020 et 2021. Depuis, la junte militaire dirigée par le général Assimi Goïta s’est installée au pouvoir, suspendant la tenue d’élections démocratiques.

En mai dernier, dans un geste sans précédent, le président de la transition a signé un décret dissolvant l’ensemble des partis politiques, quelques jours seulement après une manifestation de grande ampleur organisée par des militants favorables à un retour de la démocratie. Ce décret a suscité de vives réactions au sein de la communauté internationale et auprès de la société civile malienne, qui voit dans cette mesure une tentative supplémentaire de museler toute opposition.

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Dans ce climat d’hostilité envers les dissidents, la libération d’Alassane Abba apporte un rare soulagement à ses partisans, bien que les circonstances de sa détention restent floues et que de nombreux autres opposants soient encore privés de liberté.

L’avenir politique du Mali demeure incertain, entre répression intérieure et menace persistante des groupes armés dans plusieurs régions du pays. Le sort des opposants politiques et la possibilité d’un retour à un régime démocratique restent suspendus à des décisions que la junte n’a, pour l’instant, pas laissé entrevoir.

Imam chroniqueur Babacar Diop

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