Un drame conjugal a secoué la commune de Yenne ce dimanche 8 juin. Khady Fall, mère de deux enfants âgés de trois et six ans, a tragiquement perdu la vie dans des circonstances suspectes, mettant une nouvelle fois en lumière le fléau grandissant des violences faites aux femmes au Sénégal.
D’après les premières déclarations de son époux, O. Nd., la défunte aurait été victime d’un accident de moto Jakarta dont le conducteur aurait pris la fuite. Le mari affirme l’avoir ensuite transportée à leur domicile sans prévenir les secours. Une version des faits que la famille de la victime a immédiatement jugée incohérente, exigeant qu’une autopsie soit pratiquée.
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Les résultats de cette autopsie, réalisés dans le cadre de l’enquête diligentée par la brigade territoriale de Yenne, ont rapidement contredit les propos du mari. Le rapport médical fait état de graves blessures internes et de signes évidents de torture, incompatibles avec un simple accident de la route. La thèse de la chute en moto est ainsi écartée par les autorités.
Suite à ces révélations, O. Nd. a été placé en garde à vue. Son frère, également arrêté, est soupçonné de complicité et de faux témoignage, ayant été présent lors des faits sans en rapporter fidèlement les circonstances.
Selon plusieurs témoignages recueillis auprès des proches de la victime, notamment son oncle, Khady Fall subissait depuis longtemps des violences conjugales. Toutefois, comme de nombreuses femmes dans des situations similaires, elle gardait le silence, probablement par peur ou par pression sociale.
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La dépouille de Khady Fall a été inhumée à Kaffrine, sa ville d’origine, dans une atmosphère de grande émotion. Elle laisse derrière elle deux enfants en bas âge désormais orphelins de mère.
Ce féminicide s’ajoute à une série d’autres cas alarmants qui soulèvent l’indignation croissante au sein de la société civile. Le samedi 31 mai 2025, des dizaines de femmes avaient manifesté dans les rues de Dakar pour dénoncer les meurtres de femmes et appeler à des actions concrètes des autorités. Les manifestantes réclament des politiques publiques fermes, une meilleure protection des victimes et des sanctions exemplaires contre les auteurs de violences conjugales.
Alors que les enquêtes se poursuivent pour faire toute la lumière sur ce drame, la société sénégalaise est une nouvelle fois confrontée à la nécessité urgente de lutter efficacement contre les violences faites aux femmes, et d’instaurer des mécanismes de prévention et de justice adaptés à la gravité de ces crimes.
Imam chroniqueur Babacar Diop
