Maroc : la Génération Z monte au front pour un avenir meilleur

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Maroc : la Génération Z monte au front pour un avenir meilleur

Par Imam chroniqueur Babacar Diop

Au Maroc, une nouvelle génération prend la parole et descend dans la rue : la Génération Z. Jeunes, diplômés, mais désabusés, ils dénoncent une société où l’avenir semble bouché malgré les promesses de modernité.

Parmi eux, Yasser Benayyad, 21 ans, incarne cette jeunesse en quête de sens. Né et grandi à Salé, dans un quartier populaire, il vient d’obtenir une licence en biologie à la Faculté des sciences. Mais aujourd’hui, il fait une pause, incertain de la suite :

« Je ne sais pas si je dois entrer sur le marché du travail ou poursuivre un master. Avec un diplôme en biologie, je ne vois pas d’opportunités claires. Le gouvernement ne nous oriente pas. Nous voulons juste travailler, vivre dignement et fonder une famille », confie-t-il.

Depuis le 27 septembre 2025, des milliers de jeunes Marocains manifestent pacifiquement dans plusieurs villes du royaume. Leurs revendications sont claires : réformer les secteurs de la santé et de l’éducation, créer des emplois durables et garantir de véritables perspectives pour la jeunesse.

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Mais la contestation a pris une tournure dramatique. Des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre, entraînant plusieurs arrestations et blessés. À Oujda, un jeune homme a perdu une jambe après avoir été percuté par un véhicule de police. À Salé et Inzegane, des banques ont été incendiées, témoignant d’un profond désespoir social.

Pour Souad Brahma, présidente de l’Association marocaine pour les droits de l’homme (AMDH), la réaction des autorités est disproportionnée :

« La réponse a été violente et a conduit à de nombreuses arrestations. Certains jeunes ont été libérés, mais d’autres restent en détention dans des procédures longues et éprouvantes », déclare-t-elle.

Cette mobilisation illustre un changement générationnel profond. Selon le sociologue marocain Abdallah Hammoudi (Le Victime et ses masques, éd. Seuil, p. 211), « la jeunesse marocaine contemporaine vit une tension entre aspiration à la modernité et reproduction des blocages sociaux ».

De son côté, le politologue Mohamed Tozy souligne que « les jeunes de la Génération Z ne se contentent plus de slogans : ils demandent des institutions transparentes et une gouvernance qui parle leur langage » (Réformes et résistances au Maroc, éd. Karthala, 2023, p. 87).

Ces voix nouvelles rappellent que, dans un monde globalisé et connecté, les jeunes Maghrébins comparent désormais leur sort à celui de leurs pairs européens ou asiatiques. Et cette comparaison nourrit une exigence : celle d’une dignité sociale et économique, où le travail n’est plus un privilège mais un droit.

Au-delà des revendications immédiates, le mouvement de la Génération Z marocaine pose une question fondamentale : quelle place l’État accorde-t-il à sa jeunesse ? Car c’est bien de là que dépend l’avenir du pays.

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Imam chroniqueur
Babacar Diop

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