Mbour : Clémence du tribunal pour deux jeunes sourds-muets jugés pour vol de téléphone

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Mbour : Clémence du tribunal pour deux jeunes sourds-muets jugés pour vol de téléphone

Le tribunal des flagrants délits de Mbour a rendu, ce lundi, un verdict empreint d’humanité. Deux jeunes sourds-muets, âgés respectivement de 18 et 21 ans, ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis pour des faits de vol, de recel et d’accès frauduleux à un système informatique.

Les faits remontent à quelques semaines lorsque M. Ba, un conducteur de charrette de 18 ans, a découvert un téléphone portable oublié sur son véhicule. Sans mesurer la portée de son acte, il l’a vendu pour 20 000 F CFA à B. Diouf, un pêcheur de 21 ans. Ce dernier a ensuite utilisé l’application de transfert d’argent Wave pour retirer 35 000 F CFA depuis le compte du véritable propriétaire, un certain F. Dia.

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L’affaire a pris une tournure plus grave lorsque le pêcheur a également accédé au compte WhatsApp de la victime, y diffusant des vidéos à caractère pornographique.

Lors de l’audience, la victime, dans un geste de pardon, a déclaré ne pas vouloir poursuivre les jeunes hommes, invoquant leur handicap et leur probable méconnaissance de la gravité de leurs actes.

Maître Massamba Mbaye, avocat de la défense, a plaidé la jeunesse et l’ignorance de ses clients, insistant sur leur vulnérabilité et leur isolement social. Touchée par ces arguments et sensible à la démarche de la victime, la cour a opté pour une peine de sursis, qualifiée par certains observateurs de peine d’avertissement empreinte de pédagogie.

Cette décision relance le débat sur la prise en compte du handicap dans le système judiciaire sénégalais. Comme l’a rappelé le juriste Cheikh Oumar Sarr dans son ouvrage Justice et Inclusion au Sénégal (L’Harmattan, 2021, p. 142), « le droit à une justice équitable implique une adaptation du langage et du contexte, surtout lorsque les prévenus souffrent d’un handicap sensoriel ».

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Le cas de Mbour vient ainsi rappeler l’urgence d’une meilleure formation des acteurs judiciaires à la communication adaptée aux personnes en situation de handicap. Un enjeu d’équité, mais aussi de dignité.

Imam chroniqueur
Babacar Diop

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