
Un réseau clandestin de soins esthétiques démantelé au Sénégal. Les réseaux sociaux, nouveaux terrains d’expérimentation médicale illégale ?
📍 Dakar (Sénégal) — La Division spéciale de la cybersécurité a démantelé cette semaine un réseau illégal de médecine esthétique qui opérait discrètement à Dakar et ses environs. Deux influenceuses TikTok et une infirmière diplômée ont été arrêtées dans le cadre de cette enquête, qui met en lumière les dérives inquiétantes de la médecine clandestine promue sur les réseaux sociaux.
Des actes médicaux à haut risque vendus comme “services beauté”
Selon les premiers éléments obtenus par Dunia News, les suspectes sont accusées d’avoir proposé, sans autorisation légale, des interventions esthétiques, notamment des injections visant à augmenter le volume des fesses et des seins à l’aide de substances interdites ou non homologuées.
L’une des influenceuses, suivie par des milliers de jeunes Sénégalais sur TikTok, promouvait ses “services beauté” en direct via des vidéos de démonstration ou des témoignages clients. Sa complice, quant à elle, s’appuyait sur une infirmière diplômée, qui pratiquait des interventions plus complexes dans des domiciles privés ou des appartements aménagés à l’abri des autorités.
Matériel saisi : un cocktail médical illégal
Lors de plusieurs perquisitions menées à Pikine et dans les quartiers périphériques de Dakar, les forces de l’ordre ont mis la main sur un important stock de matériel médical suspect : flacons de Lipo Lab (produit de lipolyse interdit dans plusieurs pays), lidocaïne, seringues à insuline, gants, aiguilles et produits injectables sans étiquettes réglementaires.
Selon un agent de la cybersécurité, « ces produits, mal dosés ou injectés par des mains non qualifiées, peuvent provoquer des infections, des paralysies, voire la mort ».
Des charges lourdes pour les accusées
Les trois femmes sont actuellement placées en garde à vue et devraient être présentées au parquet ce vendredi. Elles risquent des poursuites pour : exercice illégal de la médecine, détention de produits pharmaceutiques non autorisés, et mise en danger de la vie d’autrui.
Un dossier qui pourrait faire jurisprudence, tant il illustre un nouveau mode opératoire où influence numérique et business clandestin se croisent dangereusement.
Réaction du ministère de la Santé
Le ministère sénégalais de la Santé a publié un communiqué dans la foulée des arrestations, dans lequel il rappelle que :
« Toute intervention médicale ou esthétique doit être réalisée dans une structure agréée par l’État, par un personnel qualifié. »
Le ministère met en garde la population contre les pratiques médicales non encadrées qui circulent sur les réseaux sociaux, et appelle à la dénonciation de toute activité suspecte observée en ligne ou en présentiel.
Les réseaux sociaux : vitrine du faux et du danger
Ce dossier relance le débat sur la régulation des pratiques esthétiques dans le pays, mais aussi la responsabilité des plateformes numériques dans la propagation de contenus à caractère médical.
Des spécialistes dénoncent un phénomène en pleine explosion, qui touche notamment les jeunes femmes âgées de 18 à 30 ans, à la recherche de transformations corporelles rapides, influencées par les tendances esthétiques véhiculées par TikTok, Instagram ou Snapchat.
Le Dr Fatou Ndoye, dermatologue à Dakar, déplore cette dérive :
« On promet des résultats rapides, sans douleur, sans suivi médical. Mais on oublie de dire que ces injections peuvent provoquer des ulcères, des nécroses cutanées, voire des chocs anaphylactiques. »
Une urgence de santé publique et numérique
Les autorités sanitaires, les professionnels de la santé et même certains créateurs de contenu conscients appellent à :
– Une cybersurveillance accrue des offres de “soins esthétiques” sur les réseaux
– La formation du public – notamment des jeunes – sur les risques graves de ces pratiques
– Des sanctions exemplaires contre les contrevenants pour dissuader d’autres influenceurs tentés par ce business illégal
« Le visage d’un réseau peut être joli, mais l’aiguille cachée derrière est parfois fatale », conclut un expert en cybersécurité.
Babacar Diop, chroniqueur société et santé publique – Dunia News
Source : Division spéciale de la cybersécurité (Police nationale sénégalaise), ministère sénégalais de la Santé, entretiens avec des professionnels de la santé