Peut-on vivre avec un handicap ? Quand la dignité devient acte de résistance

Partager cet article
Peut-on vivre avec un handicap ? Quand la dignité devient acte de résistance
Disabled african man sitting on the wheelchair

Au Cameroun, dans la ville de Buea, un jeune homme aux gestes calmes mais au regard ferme s’affaire derrière son comptoir. Lengso Simon Bronson, 27 ans, est un créateur de contenus et entrepreneur. Sa particularité : il est atteint d’un handicap moteur depuis l’enfance. Loin de se laisser définir par sa condition, il dirige une petite entreprise de restauration et forme d’autres jeunes à la vente en ligne. Son histoire, relayée par Laura Dave Média, émeut mais surtout, elle interroge : peut-on réellement vivre avec un handicap, dans des sociétés qui n’envisagent la différence qu’à travers la compassion ou la charité ?

I. Le handicap, miroir d’une société inachevée

Selon les Nations unies, plus d’un milliard de personnes vivent aujourd’hui avec un handicap, dont près de 80 % dans les pays du Sud. En Afrique, ces chiffres se heurtent à une réalité brutale : le handicap est souvent perçu comme un malheur, voire une honte familiale.
Dans de nombreuses communautés, il reste encore associé à des croyances mystiques malédiction, punition, envoûtement qui renforcent l’isolement des personnes concernées.
Mais la question du handicap n’est pas seulement culturelle. Elle est aussi profondément politique : quelle valeur une société accorde-t-elle à la dignité humaine, à la participation, à la différence ?

II. Quand l’État s’efface, la société civile invente

Au Cameroun, la loi du 13 avril 2010 promet la protection et la promotion des personnes handicapées. Quinze ans plus tard, les rampes d’accès manquent encore dans la majorité des bâtiments publics. Les transports restent inaccessibles, les programmes de formation inadaptés, les aides sociales dérisoires.
Pourtant, dans cette inertie, des voix se lèvent. À Douala, la couturière Aminata Bissong, amputée du bras gauche, emploie cinq jeunes apprentis, dont deux non voyants. À Lagos, au Nigéria, le rappeur Cobhams Asuquo, devenu aveugle à l’âge de onze ans, est aujourd’hui une figure de la scène musicale africaine. Au Kenya, Henry Wanyoike, marathonien malvoyant, milite pour l’accès des enfants handicapés au sport.
Ces trajectoires rappellent que l’inclusion ne naît pas seulement de la loi, mais du courage de ceux qui refusent de disparaître.

III. Les réseaux sociaux, nouveau levier d’autonomie

Lengso Simon Bronson appartient à cette génération connectée qui a trouvé, dans le numérique, un espace de reconnaissance. Sur TikTok, YouTube ou Facebook, il partage son quotidien d’entrepreneur, sans misérabilisme.
Internet devient pour beaucoup de personnes handicapées un lieu d’expression, d’influence et d’émancipation économique.
À Abidjan, Marième Sow, influenceuse sourde, signe des vidéos de sensibilisation en langue des signes. À Dakar, une association de jeunes handicapés visuels a créé une application d’audioguidage pour les transports urbains.
Ces initiatives montrent une Afrique qui, loin de s’apitoyer, réinvente le vivre-ensemble à partir de la différence.

IV. Le défi culturel : de la pitié à la participation

Mais pour que ces initiatives changent durablement les mentalités, il faut rompre avec la culture de la pitié.
Les personnes handicapées ne demandent pas qu’on les plaigne, mais qu’on les considère comme des citoyens à part entière.
Cela suppose une transformation profonde : dans les écoles, où l’inclusion reste l’exception ; dans les entreprises, où la discrimination silencieuse persiste ; et dans les médias, souvent prompts à l’émotion mais peu à l’analyse.
Le handicap devient alors un prisme à travers lequel se mesure la maturité d’une société.

V. Vivre avec un handicap, c’est vivre autrement, pas moins

Peut-on vivre avec un handicap ? Oui à condition que vivre ne soit pas réduit à survivre.
Le combat de Lengso, d’Aminata, de Marième ou de Cobhams n’est pas celui de la résignation, mais de la dignité.
Ils rappellent à tous que la véritable inclusion ne réside ni dans la compassion ni dans les politiques symboliques, mais dans la reconnaissance du droit d’exister pleinement, différemment.

À travers eux, une génération africaine envoie au monde un message clair :

Le handicap n’est pas un déficit de vie, mais un autre visage du courage.

Celine Dou

📢 Pour toute publication, dénonciation ou témoignage, contactez Dunia News à :
📩 info@dunia-news.com ou via WhatsApp au +19516189300

📰 Dunia News – La voix de ceux qu’on n’entend pas.

Partager cet article

Recherche en direct

Catégories

Autres publications

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Activer les notifications Accepter Non, merci