À Nice, la décision du maire Christian Estrosi de conserver le drapeau israélien sur le fronton de l’Hôtel de ville continue de faire débat. Ce choix, justifié par la solidarité envers les otages israéliens détenus à Gaza, suscite de vives critiques de la part de l’État, notamment du préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, qui invoque le principe de neutralité des services publics.

Le drapeau israélien avait été installé en octobre 2023, à la suite des attaques perpétrées par le Hamas contre Israël. Pour le maire, affilié au parti Horizons, ce geste est un acte de soutien politique et moral envers les victimes et les familles des personnes enlevées. “J’ai pris des engagements face aux Niçois”, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il ne retirerait pas le drapeau tant que les otages israéliens ne seraient pas libérés.
Cette prise de position entre en contradiction directe avec une demande officielle du préfet. Dans une circulaire adressée aux maires de la région, Laurent Hottiaux rappelle que la neutralité des bâtiments publics est un fondement de la République française. L’affichage de symboles étrangers sur les façades d’institutions publiques est ainsi jugé incompatible avec les obligations de réserve imposées aux collectivités territoriales.
L’affaire a été portée devant la justice administrative. Plusieurs recours ont été déposés en vue d’obtenir le retrait du drapeau. Toutefois, le tribunal administratif saisi en mai dernier a refusé de statuer dans l’urgence, estimant que la situation ne présentait pas de caractère exceptionnel justifiant une mesure immédiate.
Ce dossier s’inscrit dans un contexte plus large où la neutralité des services publics est remise en question dans plusieurs communes. À Gennevilliers, le préfet a exigé le retrait d’un drapeau palestinien hissé sur l’hôtel de ville, provoquant l’indignation du maire Patrice Leclerc. Ce dernier dénonce une application à géométrie variable des principes républicains, rappelant que le soutien affiché à l’Ukraine en 2022 n’avait suscité aucune réaction préfectorale.
La polémique survient alors que la situation au Proche-Orient reste tendue. Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, après un bref cessez-le-feu, l’armée israélienne mène une offensive intense sur la bande de Gaza. D’après des chiffres relayés par des agences humanitaires et l’agence Anadolu, plus de 5 000 Palestiniens ont perdu la vie depuis la reprise des frappes, parmi lesquels de nombreux enfants et femmes.
Le blocus imposé par Israël empêche l’acheminement de l’aide humanitaire, une situation dénoncée par plusieurs ONG, dont Médecins du monde et Oxfam. En janvier 2024, la Cour internationale de Justice avait pourtant appelé Israël à éviter tout acte pouvant relever du génocide. Malgré cela, le gouvernement israélien maintient une ligne dure. Le ministre de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé récemment : « Aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza ».
Dans ce climat de crispation, le maintien du drapeau israélien à Nice prend une dimension nationale. Il alimente les débats sur la place des symboles internationaux dans l’espace public français et sur l’équilibre délicat entre engagement politique et devoir de neutralité.
–imam chroniqueur Babacar Diop