Prison de Saint-Louis : surpopulation et détresse humaine derrière les murs de la plus ancienne maison d’arrêt du Sénégal

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Prison de Saint-Louis : surpopulation et détresse humaine derrière les murs de la plus ancienne maison d’arrêt du Sénégal

La Maison d’arrêt et de correction (MAC) de Saint-Louis est aujourd’hui la deuxième prison la plus peuplée du Sénégal, juste après celle de Rebeuss, à Dakar. Plus de 700 détenus y vivent dans des conditions précaires, selon les révélations de la ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Yassine Fall, lors d’une visite de travail effectuée vendredi dernier.

« Nous sommes venus à la prison de Saint-Louis pour nous enquérir des conditions de détention, mais aussi pour écouter les personnes incarcérées. La prison de Saint-Louis est celle qui compte le plus de détenus après Rebeuss, avec plus de 700 personnes en détention », a indiqué la ministre, citée par l’Agence de presse sénégalaise (APS).

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Accueillie au Palais de justice de Saint-Louis par le gouverneur et les autorités judiciaires locales, Yassine Fall a d’abord tenu une série de réunions avec le parquet, les juges et le président de la Cour d’appel. Ces échanges ont porté sur le fonctionnement du système judiciaire régional, les conditions de travail du personnel et l’état des infrastructures judiciaires.

La ministre s’est ensuite rendue à la Maison d’arrêt et de correction, construite en 1863 — l’un des établissements pénitentiaires les plus anciens du pays — où elle a pu échanger directement avec les détenus et le personnel pénitentiaire.

« Nous avons rencontré beaucoup de jeunes et de personnes âgées en détention. Mais ce qui nous fend le cœur, c’est de voir des mineurs en prison », a-t-elle confié à l’issue de la visite, déplorant la situation des plus vulnérables derrière les barreaux.

Yassine Fall a tenu à saluer le dévouement du personnel pénitentiaire, « qui s’efforce, dans des conditions souvent difficiles, de garantir la dignité et la sécurité des détenus ».

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Cette visite relance le débat sur la surpopulation carcérale au Sénégal, un fléau dénoncé depuis plusieurs années par les organisations de défense des droits humains. Les conditions de détention, souvent marquées par le manque d’espace, l’insalubrité et l’insuffisance des soins médicaux, appellent à une réforme en profondeur du système pénitentiaire.

Comme le souligne le sociologue sénégalais Abdoulaye Niang dans son ouvrage Prison et société au Sénégal (L’Harmattan, 2018, p. 56) :

« La prison sénégalaise est à l’image d’une société en tension : entre justice répressive et devoir de réinsertion, elle peine à concilier sécurité, humanité et dignité. »

Face à cette réalité, les propos de la ministre de la Justice sonnent comme une promesse d’action. Reste à savoir si les réformes suivront pour que la prison cesse d’être un lieu d’abandon et redevienne un espace de réhabilitation.

Imam chroniqueur
Babacar Diop

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