Quand la nuit révèle le diabète (3ᵉ partie)

Prévenir le diabète nocturne au Sénégal : entre diététique locale, sagesse ancestrale et science moderne
Par Imam chroniqueur Babacar Diop
- L’assiette sénégalaise au service de la santé
Au Sénégal, la transition alimentaire — marquée par l’augmentation des plats riches en sucre et en graisses — favorise l’apparition du diabète de type 2. Pourtant, nos terroirs regorgent d’aliments traditionnels, nutritifs et antidiabétiques.
Le Dr Pape Madior Ndiaye, nutritionniste à l’hôpital Principal de Dakar, rappelle :
« Notre alimentation locale, à base de mil, niébé et légumes feuilles, est naturellement adaptée à la prévention du diabète. C’est notre modernité qui nous rend malades. »
(Ndiaye, P.M., Alimentation et santé en Afrique de l’Ouest, Presses Universitaires de Dakar, 2022, p. 117).
Aliments conseillés pour le dîner
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Le mil (souna) : riche en fibres, il régule la glycémie.
Le niébé (haricot local) : source de protéines végétales à faible indice glycémique.
Les feuilles de moringa : antioxydantes et stabilisatrices de la glycémie.
Le bissap (hibiscus sabdariffa) : en infusion non sucrée, il aide à réduire la tension artérielle et le sucre sanguin.
Le Dr Cheikh Tidiane Gaye, endocrinologue à Thiès, précise :
« Une cuillère de poudre de moringa dans la bouillie du soir peut remplacer les compléments alimentaires coûteux. »
(Gaye, C.T., Conférence sur la phytothérapie et diabète, Université de Thiès, 2023).
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- Réhabiliter les remèdes traditionnels et naturels
La médecine traditionnelle sénégalaise, bien comprise, n’est pas l’ennemie de la science. Elle la prolonge.
Le Dr Marie Kâ, phytothérapeute à Saint-Louis, souligne :
« Le soump (détarium), la kinkeliba et la graine de nigelle peuvent être intégrés à un protocole moderne de prévention. Ce n’est pas du mysticisme, c’est de la biologie africaine. »
(Kâ, M., Médecines africaines et savoirs endogènes, NEAS, 2021, p. 78).
Remèdes nocturnes recommandés
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Infusion de kinkeliba avant le coucher : aide à la digestion et à la détoxification du foie.
Une cuillère de miel naturel + cannelle : équilibre la glycémie sans l’augmenter.
Huile de nigelle (Habba Sawda) : soutient la fonction pancréatique.
Ces remèdes rappellent la sagesse d’Ibn al-Qayyim :
« Allah n’a pas créé de maladie sans créer son remède. »
(Zad al-Ma‘ad, vol. 4, p. 20).
- Le rôle de la foi et du mental dans la prévention
La foi est un facteur de santé reconnu. Selon le Dr Mame Diarra Sarr, psychologue de la santé à l’Université Gaston Berger :
« La spiritualité et le calme intérieur influencent la sécrétion hormonale et réduisent la résistance à l’insuline. Un cœur apaisé, c’est déjà un métabolisme équilibré. »
(Sarr, M.D., Psychologie et foi en Afrique, L’Harmattan, 2020, p. 155).
Le Prophète Muhammad ﷺ enseignait :
« Point de dommage ni de réciprocité dans le dommage. »
(Rapporté par Ibn Mâjah, n°2340)
Cela signifie : se préserver du stress et des excès, car ils nuisent au corps et à l’âme.
Dans le soufisme sénégalais, Cheikh El Hadji Malick Sy recommandait :
« L’âme doit dormir en paix, car un cœur troublé éteint la lumière du corps. »
(Khassida Jawâhir al-Ma‘ânî, vers 84).
- Hygiène de vie et activité physique adaptée
La marche du soir, surtout après le dîner, est une pratique à la fois spirituelle et médicale.
Le Dr Moussa Diop, diabétologue à Kaolack, conseille :
« Quinze minutes de marche après le dîner suffisent à améliorer la sensibilité à l’insuline et à réduire les pics de glycémie nocturne. »
(Diop, M., Santé et habitudes de vie au Sahel, L’Harmattan, 2022, p. 192).
Même les prières de la nuit (tahajjud, witr) jouent un rôle bénéfique. Elles activent la respiration, réduisent le stress et apaisent le rythme cardiaque.
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- La prévention communautaire et la solidarité
Le diabète n’est pas qu’une affaire individuelle. C’est aussi une question de solidarité sociale, comme le souligne le Pr Fatou Sow Sarr, sociologue à l’Université Cheikh Anta Diop :
« Le soutien communautaire est un facteur de résilience pour les malades chroniques. Il transforme la souffrance individuelle en apprentissage collectif. »
(Sarr, F.S., Santé et société au Sénégal, NEAS, 2019, p. 210).
Les dahiras, associations islamiques ou mouvements de quartier, peuvent servir de relais pour sensibiliser sur le diabète nocturne : séances d’information, campagnes sur l’alimentation, distribution de plantes locales.
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En résumé : un modèle sénégalais de prévention intégrée
Domaine Recommandation Source
Alimentation Dîner à base de mil, moringa, niébé Dr Pape Madior Ndiaye, 2022
Médecine naturelle Kinkeliba, miel, nigelle Dr Marie Kâ, 2021
Spiritualité Prière nocturne, dhikr, calme intérieur Cheikh El Hadji Malick Sy
Activité physique Marche du soir, respiration consciente Dr Moussa Diop, 2022
Solidarité Sensibilisation communautaire Pr Fatou Sow Sarr, 2019
Conclusion
Le diabète nocturne n’est pas une fatalité. C’est une invitation à renouer avec la sagesse alimentaire africaine, la tempérance prophétique et la solidarité sénégalaise.
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Comme le disait Serigne Touba :
« Le bien-être du corps aide à la pureté du cœur, et la pureté du cœur mène à la proximité divine. »
(Matlabul Fawzayni, v. 112).
La santé devient ainsi un acte de foi, un service rendu à soi-même et à la communauté.
Imam chroniqueur
Babacar Diop













