Quand le virtuel dévore le réel : le Sénégal face au “clash des vanités”

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Quand le virtuel dévore le réel : le Sénégal face au “clash des vanités”

Par Imam chroniqueur
Babacar Diop

Dans un Sénégal scindé entre progrès réel et agitation virtuelle, les “clashs” d’influenceuses en ligne deviennent les symboles d’une société malade de son narcissisme. Imam Babacar Diop appelle à une réconciliation du cœur et de la raison, à la lumière du Coran, de la philosophie et de la sagesse africaine.

Deux Sénégal, deux mondes

On dirait qu’il existe aujourd’hui deux Sénégal.
Le premier, concret, avance dans le travail, le sport, la solidarité et les campagnes citoyennes.
Le second, virtuel, bruyant et sans boussole, vit au rythme des “lives” et des querelles d’ego. Dans ce monde parallèle qu’on pourrait appeler Clashland, certaines figures de la toile rivalisent de provocation pour quelques milliers de vues, érigeant la vulgarité en spectacle.

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Et pendant que des routes se construisent, que des familles prient pour la pluie et la récolte, d’autres bâtissent des polémiques en béton armé… avec TikTok en guise de ciment.

« Celui qui recherche la gloire par la honte finira par être humilié par sa propre lumière. »
— Imam chroniqueur Babacar Diop

L’illusion de la réussite numérique

À l’origine, ces femmes voulaient incarner la réussite et l’émancipation. Mais l’affaire du fameux immeuble, au lieu de symboliser l’entrepreneuriat féminin, a tourné au mélodrame numérique : trahisons, enregistrements diffusés, invectives publiques.

Le sociologue Dominique Wolton, dans Penser la communication (Seuil, 1997, p. 212), rappelle à juste titre :

« La communication n’est pas la transparence ; elle est le lieu du malentendu, du pouvoir et du narcissisme. »

Ce constat résonne cruellement aujourd’hui : la parole se déverse sans discernement, la notoriété devient un substitut de valeur.

Le Coran avertit :
« Ne suis pas ce dont tu n’as aucune connaissance. L’ouïe, la vue et le cœur — sur tout cela, on sera interrogé. »
(Sourate Al-Isrâ’, 17:36)

L’Imam chroniqueur Babacar Diop ajoute :

« Le danger n’est pas le téléphone, mais ce qu’il révèle de nos manques intérieurs. Quand le cœur est vide, l’écran devient un refuge. »

La société du spectacle et l’érosion du sens

Le philosophe Guy Debord, dans La Société du spectacle (Buchet-Chastel, 1967, p. 23), écrivait :

« Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation. »

Cette formule décrit parfaitement notre époque : tout devient contenu — la peine, la joie, la foi — tout se met en scène.
Même l’intimité se vend à prix de visibilité.

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Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, dans L’Encre des savants (Présence Africaine, 2013, p. 54), note avec justesse :

« La parole, quand elle se sépare de la pudeur, cesse d’être une lumière et devient un feu. »

« Pendant que certains cherchent à bâtir des ponts, d’autres construisent des fossés numériques. Le mal du siècle, c’est de vouloir être vu avant d’être. »
— Imam chroniqueur Babacar Diop

Le regard spirituel : entre pudeur et responsabilité

L’Islam enseigne la retenue et la maîtrise de la parole.
Le Prophète Muhammad ﷺ a dit :

« Que celui qui croit en Dieu et au Jour dernier dise du bien ou se taise. »
(Rapporté par Al-Bukhari, n° 6018)

Et Ibn al-Qayyim, dans Madarij as-Salikin (t. 2, p. 456), ajoute :

« Les paroles vaines sont les ronces du cœur ; elles étouffent la sincérité. »

Dans le Massalik al-Jinan, Cheikh Ahmadou Bamba nous enseigne :

« La langue est un sabre : elle sauve le juste et tue l’imprudent. » (p. 72)

La sagesse d’Aristote trouve ici un écho universel :

« Le commencement de la sagesse, c’est la maîtrise de soi. » (Éthique à Nicomaque, Livre I, p. 35).

Une société à deux vitesses

D’un côté, le Sénégal du réel : enseignants, paysans, médecins, mères de famille qui œuvrent avec humilité.
De l’autre, un univers où l’ego s’exhibe et se décompose à ciel ouvert.

Tariq Ramadan, dans L’islam et le réveil arabe (Presses du Châtelet, 2011, p. 97), avertit :

« La modernité technologique sans éthique produit des consciences déstructurées et des sociétés superficielles. »

Le Coran nous appelle à un équilibre spirituel :
« Les serviteurs du Tout-Miséricordieux sont ceux qui marchent humblement sur la terre. »
(Sourate Al-Furqân, 25:63)

Pour une reconquête du sens

Il nous faut, comme le disait Cheikh El Hadj Malick Sy, « reconstruire les âmes avant de rebâtir les murs ».
Le Sénégal ne peut se contenter d’écrans lumineux et de cœurs éteints.

Imam chroniqueur Babacar Diop conclut :

« Le vrai combat, ce n’est pas contre une rivale en ligne, mais contre le vide intérieur qui nous pousse à chercher le regard du monde plutôt que celui de Dieu. »

Et de rappeler cette parole du Prophète ﷺ :

« Celui qui s’humilie pour Allah, Allah l’élève. »
(Sahih Muslim, n° 2588)

Ainsi, le pays a besoin de voix qui apaisent, non de bouches qui divisent ; de cœurs qui écoutent, non de doigts qui insultent.
La lumière du Sénégal doit briller dans les actes, pas dans les “lives”.

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Citation du jour :

« Le Sénégal de demain ne se construira pas dans les clashs, mais dans les cœurs.
Car le vrai rayonnement n’est pas celui de l’écran, mais celui de l’âme. »
— Imam chroniqueur Babacar Diop

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