RDC : Le retour tonitruant de Joseph Kabila dans l’arène politique

Partager cet article

Pour la première fois depuis son départ du pouvoir en 2019, Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo, est sorti de son long silence. À travers une série de déclarations et une interview remarquée accordée au Sunday Times, l’ex-chef de l’État a pris la parole pour dénoncer ce qu’il qualifie de dérive autoritaire du régime de Félix Tshisekedi, tout en proposant un « pacte de redressement national ».

RDC : Le retour tonitruant de Joseph Kabila dans l’arène politique

Joseph Kabila n’a pas mâché ses mots. Il accuse le pouvoir actuel d’avoir trahi le « Pacte républicain » issu des négociations de Sun City, en portant atteinte à l’État de droit et aux fondements constitutionnels de la nation. Selon lui, la crise multiforme que traverse la RDC, notamment l’instabilité à l’Est est la conséquence directe de la mauvaise gouvernance et d’un climat politique délétère instauré depuis 2019.

« La justice est instrumentalisée, la Constitution est piétinée, et les libertés fondamentales sont menacées », déclare-t-il, appelant à un sursaut patriotique. Il propose un nouveau « pacte de redressement » pour restaurer les équilibres institutionnels, garantir l’indépendance de la justice et remettre le pays sur le chemin de la stabilité.

Cette sortie intervient dans un contexte particulièrement tendu. Plusieurs figures du Front Commun pour le Congo (FCC), la plateforme politique pro-Kabila, ont été convoquées par la justice militaire. Ces actions sont perçues par ses partisans comme une tentative de musellement politique.

Dans les coulisses, des discussions sont en cours pour une éventuelle levée de l’immunité parlementaire de certaines figures clés du régime précédent. Une mesure qui pourrait aussi viser Kabila lui-même, selon plusieurs sources à Kinshasa. Ces manœuvres alimentent les soupçons d’un projet de neutralisation politique de l’ancien président.

De son côté, le président Tshisekedi ne reste pas silencieux. Il accuse ouvertement son prédécesseur de jouer un rôle trouble dans les tensions sécuritaires à l’Est du pays, notamment en entretenant des liens avec des groupes rebelles et le régime rwandais. Ces accusations, graves, jettent une ombre sur les intentions réelles de Kabila et font craindre une nouvelle fracture politique.

Autre signal fort : Joseph Kabila a annoncé son retour imminent en RDC. Il prévoit d’entrer par la partie orientale du pays, hautement symbolique au vu de la crise sécuritaire qui y règne. Ce retour physique pourrait galvaniser ses partisans et reconfigurer le paysage politique à l’approche des échéances électorales ou de potentielles réformes institutionnelles.

L’opposition dénonce une volonté du régime en place de verrouiller l’espace politique. Les récentes propositions de révision constitutionnelle, soupçonnées de vouloir introduire une présidence à vie, ont suscité une levée de boucliers. Joseph Kabila et Moïse Katumbi, dans une rare convergence, ont appelé les Congolais à résister à ce qu’ils considèrent comme une dérive autoritaire.

Le retour de Joseph Kabila sur la scène publique relance les dynamiques politiques en RDC. Entre accusations croisées, manœuvres judiciaires et tensions croissantes au sommet de l’État, le pays entre dans une phase d’incertitude. Reste à savoir si ce regain d’activité politique ouvrira la voie à un dialogue républicain ou à un affrontement aux conséquences imprévisibles.

Partager cet article

Recherche en direct

Catégories

Autres publications

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Activer les notifications Accepter Non, merci