Rio de Janeiro : le Brésil replonge dans la guerre des favelas

Mardi, Rio de Janeiro s’est réveillée sous un ciel de feu. Dans les quartiers proches de l’aéroport international, plus de 2 500 policiers et forces spéciales ont lancé une opération d’envergure contre les bastions du Commando Rouge (Comando Vermelho), l’un des plus puissants cartels de drogue du Brésil.
La riposte des trafiquants a transformé la ville en champ de bataille : tirs nourris, véhicules incendiés, drones explosifs, scènes de chaos. Le bilan provisoire fait état de plus de 60 morts, dont quatre policiers.
Une escalade sans précédent
Le recours par les gangs à des drones FPV chargés d’explosifs, une première dans l’histoire du Brésil, marque un tournant inquiétant. Cette technologie, autrefois réservée aux conflits militaires, est désormais utilisée dans les guerres urbaines. Rio devient ainsi le théâtre d’un affrontement où la criminalité organisée adopte des tactiques de guerre asymétrique.
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Les forces de l’ordre affirment avoir voulu « reprendre le contrôle » de zones entières de la ville, tombées depuis des années sous la loi des cartels. Mais pour beaucoup de Brésiliens, cette opération massive révèle l’échec persistant d’un modèle sécuritaire fondé sur la confrontation armée, plutôt que sur la prévention sociale.
La guerre des pauvres
Dans les favelas, les balles ne distinguent pas les criminels des habitants. Derrière les bilans officiels, des familles déplacées, des enfants traumatisés, des communautés livrées à la peur. Car ces affrontements ne sont pas nouveaux : ils s’inscrivent dans une longue histoire d’inégalités sociales, de racisme structurel et de désespoir économique.
La majorité des victimes, comme toujours, sont issues des milieux populaires afro-brésiliens. Rio, ville de contrastes extrêmes, concentre dans ses hauteurs la richesse et dans ses vallées la misère. C’est là que prospèrent les cartels, nourris par la pauvreté, la corruption et la faillite de l’État.
Un miroir du Sud global
Au-delà du Brésil, cette violence interroge tout le Sud global. Des favelas de Rio aux bidonvilles de Lagos, de Nairobi ou de Douala, les mêmes fractures se répètent : exclusion sociale, jeunesse marginalisée, criminalité enracinée dans la précarité.
Le narcotrafic n’est pas seulement un problème brésilien : il traduit le déséquilibre mondial des richesses et la circulation incontrôlée des armes et des drogues, souvent alimentée par les marchés du Nord.
L’Afrique en leçon

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Pour les États africains, l’exemple de Rio sonne comme un avertissement. Là où la misère s’enracine et où les institutions se fragilisent, les réseaux criminels s’installent. L’usage de drones armés par les cartels montre jusqu’où peut aller la criminalité lorsqu’elle échappe au contrôle de l’État.
Investir dans la justice sociale, l’éducation et la réinsertion des jeunes n’est plus une option : c’est une condition de survie collective.
Une guerre sans vainqueur
Au soir de l’opération, le gouvernement brésilien revendiquait une « victoire stratégique ». Mais dans les ruelles des favelas, les habitants parlaient d’un autre mot : deuil.
Car dans ces guerres sans fin, ni l’État ni les cartels ne gagnent vraiment. Seule la population perd chaque jour un peu plus de confiance, de dignité et de paix.
Celine Dou
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