Routes meurtries, chauffeurs éprouvés : Touba à l’épreuve de l’hivernage

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Routes meurtries, chauffeurs éprouvés : Touba à l’épreuve de l’hivernage

Chaque hivernage, Touba vit le même drame silencieux : des routes éventrées, des chauffeurs épuisés, des usagers résignés. Là où la pluie devrait être bénédiction, elle devient parfois épreuve. Les flaques, les nids-de-poule et les voies inondées transforment chaque trajet en supplice. Et pourtant, la vie continue, portée par la foi et la patience de ceux qui vivent de la route.

Le courage des chauffeurs : entre sabr et survie

À Yonou Darou, vers 10 h 30, la gare s’anime malgré les flaques. Les chauffeurs interpellent les passagers, priant pour un jour sans panne.

« Après la pluie, on ne sait plus par où passer. Nous roulons dans les trous. Et pourtant, c’est notre seul gagne-pain », confie Ibrahima Fall, le regard résigné.

Ces mots résument la vie de nombreux travailleurs de la route. Le savant Ibn Taymiyya affirmait :

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« Supporter la difficulté pour un bien commun est une adoration en soi » (Majmû‘ al-Fatâwâ, vol. 10, p. 28).

Comme lui, je dis souvent :

« Chaque chauffeur qui brave la boue pour nourrir sa famille accomplit, sans le savoir, un acte de foi. Car travailler malgré l’épreuve, c’est croire en la miséricorde d’Allah. »
— Imam chroniqueur Babacar Diop

Des routes brisées, reflet d’une gouvernance en panne

Pour Aly Mané, chef de la gare routière de Niarry Pneu, le constat est accablant :

« Les routes sont dans un état déplorable. Entre Niarry Pneu et Niarry Baye Fall, quatre kilomètres sont noyés sous les eaux. Depuis le Magal, nous n’empruntons plus la voie bitumée. »

Malgré les taxes qu’ils versent — 3 000 francs CFA par mois —, les chauffeurs doivent se débrouiller seuls. L’économiste Dr. Cheikh Tidiane Dieye rappelle :

« L’état des routes traduit la valeur qu’un État accorde à la dignité de ses citoyens » (Le Défi de la mobilité urbaine en Afrique de l’Ouest, ENDA, 2020, p. 47).

Et moi, j’ajoute :

« Quand une route s’effondre, c’est un pan de la justice sociale qui s’écroule. Car la route, c’est le lien entre l’homme et son travail, entre la dignité et le pain. »
— Imam chroniqueur Babacar Diop

Le Prophète ﷺ a dit :

« Tout dirigeant est un berger, et tout berger sera responsable de son troupeau. »
(Sahih al-Bukhari, hadith n°893).
Cette responsabilité, c’est celle que les populations attendent des autorités.

Des hausses de tarifs et des vies usées

À cause de l’état des routes, le prix du transport a doublé : de 200 à 500 francs CFA sur certaines lignes.

« Nous dépensons tout dans les pneus et les réparations. Un pneu coûte 19 000 francs CFA », se plaint Adama Ndiaye, chauffeur urbain.

La dégradation des routes n’est pas seulement économique, elle est humaine.

« L’usure du véhicule est supportable, mais l’usure de l’homme ne l’est pas. Et c’est cette fatigue-là, invisible, qui tue le courage des travailleurs silencieux. »
— Imam chroniqueur Babacar Diop

La solidarité comme rempart

Là où l’État tarde, la communauté agit. L’association Touba Ça Kanam s’efforce parfois de remblayer les routes, prolongeant ainsi la philosophie de Serigne Touba, qui écrivait :

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« Celui qui œuvre pour le bien de la communauté s’élève au-dessus de celui qui œuvre pour lui seul. »

Et Cheikh El Hadji Malick Sy ajoutait :

« Gouverner, c’est servir, et non se servir » (Jaza’u Shukr, v. 215).

Cette dimension spirituelle, les chauffeurs l’incarnent chaque jour. Ils attendent des routes réparées, certes, mais aussi une écoute.

« Le véritable développement commence quand on répare ce que l’homme foule de ses pieds, avant ce qu’il contemple des yeux. »
— Imam chroniqueur Babacar Diop

Espoir et responsabilité

L’hivernage n’est pas qu’une épreuve météorologique : il est une épreuve morale. Réparer les routes de Touba, c’est réparer un lien social abîmé. C’est répondre à l’appel du Prophète ﷺ :

« Celui qui soulage une difficulté à son frère, Allah lui soulagera une difficulté le Jour du Jugement. »
(Sahih Muslim, hadith n°2699).

« Nous devons apprendre à voir dans chaque nid-de-poule le visage d’un père fatigué, d’un travailleur oublié. La route de Touba n’est pas qu’un chemin de terre : elle est un miroir de notre conscience collective. »
— Imam chroniqueur Babacar Diop

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Imam chroniqueur Babacar Diop

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