Rwanda-RDC : Paul Kagame répond sèchement à l’appel à la paix de Félix Tshisekedi

Le président rwandais Paul Kagame a réagi avec fermeté aux propos de son homologue congolais Félix Tshisekedi, prononcés lors du Global Gateway Forum de Bruxelles.
Tshisekedi avait lancé un appel public à la fin du soutien présumé du Rwanda au groupe armé M23, réclamant un retour à la paix dans l’est de la RDC et dénonçant la reprise des combats qui ont déjà causé des milliers de morts et des millions de déplacés.

Face à cette main tendue, Kagame a répondu de manière cinglante :

« Nous sommes ici pour discuter de partenariat, mais le sens du terme varie selon les personnes. Pour certains, il s’agit de donner des instructions et de faire des conneries. Pour d’autres, il s’agit de se plaindre. »

Et d’ajouter :

« Si quelqu’un fait tout un problème du bruit d’un tambour vide, c’est qu’il a lui aussi un souci ! Mieux vaut laisser passer ou s’en éloigner. »

Le ton est clair : Kigali refuse toute forme de pression publique et dénonce ce qu’il considère comme des accusations unilatérales.

Depuis la fin des guerres régionales dans les Grands Lacs, les relations RDC–Rwanda oscillent entre coopération et tension.
Le M23, né de mutineries d’anciens soldats tutsi intégrés dans l’armée congolaise, est au cœur de ce conflit. Le Rwanda est régulièrement accusé par Kinshasa et par des observateurs internationaux de soutenir ce groupe, accusations rejetées par Kigali.

En juin 2025, un accord de paix signé à Washington prévoyait le retrait des troupes étrangères du sol congolais et la fin du soutien aux groupes armés. Mais la mise en œuvre est lente et partielle. La RDC a également refusé de signer un accord économique régional, estimant que les conditions de paix durable n’étaient pas garanties.

Les propos de Kagame sont révélateurs :

1. Défense de la souveraineté rwandaise : en relativisant l’appel à la paix, il insiste sur le fait que Kigali n’accepte pas d’être publiquement tenu pour responsable avant toute vérification indépendante.

2. Stratégie de communication : la métaphore du « tambour vide » illustre une volonté de minimiser les accusations publiques et de dénoncer ce qu’il perçoit comme des provocations médiatiques.

3. Message à la communauté internationale : en répondant à Bruxelles, Kagame réaffirme le rôle du Rwanda dans la région tout en invitant les acteurs internationaux à considérer la complexité du conflit.

Malgré ces échanges publics, la situation reste tendue dans l’est de la RDC. Les combats entre le M23 et l’armée congolaise se poursuivent dans le Nord et le Sud-Kivu, et les populations civiles continuent de payer le prix fort. Les ONG dénoncent une crise humanitaire persistante, avec des millions de déplacés et un accès limité aux services essentiels.

L’enjeu est clair : la stabilité régionale dépend d’un dialogue sincère et d’une mise en œuvre effective des accords. Pour l’instant, les déclarations publiques traduisent davantage une posture diplomatique défensive que des avancées concrètes vers la paix.

Rédaction : Celine Dou

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