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Sosucam: Malgré les concessions de la direction générale, des ouvriers continuent de manquer à l’appel

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Ils sont selon les chiffres non officiels près de 600 ouvriers qui manqueraient à l’appel dans les champs de canne à sucre malgré les concessions de la direction générale au lendemain du mouvement d’humeur qui a paralysé la Société sucrière du Cameroun (Sosucam) en fin de semaine dernière.

Selon des syndicalistes interrogés par nos  confrères de Investir au Cameroun, les opérations de coupe de la canne à sucre tournent encore au ralenti. « Le travail n’a pas totalement repris », confie un leader syndical.

Sur le site de Nkoteng, le plus important de la Sosucam, la reprise reste partielle. « Sur 1 026 ouvriers coupeurs de canne attendus dans les champs, seuls 533 ont effectivement repris leur poste », indique une source interne à l’entreprise, soit un taux de présence de 52 %. Autrement dit, 493 coupeurs (48%) manquent toujours à l’appel depuis le samedi 8 février.

À Mbandjock, la situation semble plus favorable. Sur les 850 ouvriers coupeurs de canne attendus, 800 ont déjà repris le travail après le mouvement de grève, selon la même source.

Inquiétudes

Concernant les absences constatées, Théophile Aluna Mvehe, président de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Cameroun (CSTC) à la Sosucam, explique que certains ouvriers ont préféré rentrer chez eux, désabusés par la question de la grève et l’absence de réponses satisfaisantes de la direction générale de l’agro-industrie à leurs revendications.

La quasi-totalité des coupeurs de canne de la Sosucam sont originaires de la région de l’Extrême-Nord, en particulier du département du Mayo-Danay. Réputés pour leur endurance, ils constituent l’essentiel de la main-d’œuvre sur les sites sucriers.

L’autre raison de cette reprise partielle est liée à la libération exigée par les ouvriers de leurs collègues arrêtés lors des manifestations des 3 et 4 février à Mbandjock et Nkoteng. Selon un syndicaliste, plusieurs commerces ont été vandalisés au cours des émeutes, poussant leurs propriétaires à porter plainte contre des coupeurs de canne, ce qui a conduit à plusieurs arrestations.

Les syndicats ne cachent pas leur inquiétude, la campagne sucrière a déjà été fortement perturbée et ils craignent un impact négatif sur les résultats de cette année.

Broyage à plein régime

Sur sa page LinkedIn, la Sosucam met en avant la reprise du travail sur ses sites de Mbandjock et Nkoteng, à travers des images et vidéos accompagnées de légendes triomphantes. « La reprise en marche ! », peut-on y lire  ou encore « Nos équipes sont mobilisées pour une reprise dynamique des activités sur nos sites. Ensemble, avançons pour une production sucrière durable et performante ».

En effet, les travailleurs ont repris le chemin des usines, où les machines tournent à nouveau après environ deux semaines d’arrêt. « La saison de broyage bat son plein sur nos sites ! Nous mettons tout en œuvre pour vous offrir un sucre 100 % Terroir, issu de notre savoir-faire et de notre passion », communique la Sosucam.

Le mouvement de protestation des coupeurs de canne de la Sosucam a débuté le 25 janvier dernier, avec un arrêt de travail en signe de colère. La cause immédiate de ce débrayage : le retard accusé par deux opérateurs de téléphonie mobile dans le transfert de leur avance de salaire.

S’en sont ensuivi des émeutes, qui ont culminé les 3 et 4 février avec de violents affrontements entre les coupeurs de canne et les forces de l’ordre. Le bilan fait état : d’un ouvrier tué, de nombreux blessés, des commerces vandalisés, environ 150 hectares de canne à sucre brûlés et du matériel de la Sosucam endommagé.

Concessions du DG

Le 7 février dernier, au terme d’une réunion à Nkoteng avec des parties prenantes, la direction générale de la Sosucam à décidé de faire passer le salaire de base des coupeurs de canne de 56 000 à 57 000 FCFA et de revaloriser les primes de santé et de salissure. Des augmentations jugées insuffisantes pour des coupeurs de canne qui demandent un salaire de base de 105 000 FCFA.

Leader du marché camerounais du sucre, la Sosucam, créée en 1965, est détenue à 74 % par des capitaux français et à 26 % par l’État du Cameroun. L’entreprise revendique 8 000 emplois directs et indirects, avec une masse salariale annuelle de 14 milliards de FCFA.

Malgré son positionnement stratégique, la Sosucam est confrontée à des difficultés et peine à satisfaire la demande nationale, estimée à environ 300 000 tonnes par an, obligeant régulièrement l’État à autoriser des importations pour combler ce déficit.

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