
La guerre civile qui ravage le Soudan depuis plus de deux ans a franchi un nouveau seuil de gravité, plongeant des millions de civils dans une situation humanitaire critique. C’est ce qu’a révélé, ce mardi, la Mission internationale indépendante d’établissement des faits de l’ONU sur le Soudan, qui alerte la communauté internationale sur les violations massives des droits humains et l’aggravation d’un conflit déjà meurtrier.
Dans une déclaration solennelle, le président de la mission, Mohamed Chande Othman, a tiré la sonnette d’alarme : « Soyons clairs : le conflit au Soudan est loin d’être terminé. » Il a insisté sur la complexité croissante de la situation, dénonçant « la fragmentation du pouvoir, la militarisation de la société et l’implication d’acteurs étrangers » comme des facteurs déterminants dans l’escalade des violences.
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Une population déplacée et affamée
Depuis l’éclatement du conflit en avril 2023 entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR), plus de 13 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer, souvent dans des conditions dramatiques. Des dizaines de milliers de civils ont perdu la vie, alors que les infrastructures vitales du pays – hôpitaux, écoles, réseaux d’approvisionnement – ont été gravement endommagées ou détruites.
La guerre a aussi transformé certaines régions, notamment le Darfour, en véritables zones de famine. L’accès à l’aide humanitaire est régulièrement entravé, utilisé comme instrument de guerre pour exercer une pression sur les populations et les forces adverses.
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Des crimes internationaux imputés à toutes les parties
Mona Rishmawi, membre de la mission onusienne, a dénoncé une dégradation vertigineuse de la situation : « Ce conflit s’est transformé en une urgence humanitaire, caractérisée par des crimes internationaux commis par toutes les parties. »
Les témoignages recueillis font état d’une intensification de l’usage d’armes lourdes dans des zones densément peuplées, d’une recrudescence des violences sexuelles et sexistes, ainsi que de pratiques de représailles brutales, incluant massacres, tortures et exécutions sommaires. Ces actes, perpétrés aussi bien par les FAS que par les FSR, nourrissent un climat de terreur et compliquent tout espoir de réconciliation à court terme.
Un appel à la justice et au respect de l’embargo sur les armes
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Joy Ngozi Ezeilo, également membre de la mission, a souligné l’importance capitale de rendre justice aux victimes. « L’impunité n’est pas une option. La justice est la pierre angulaire d’une paix durable », a-t-elle déclaré, en appelant à des enquêtes impartiales et à la poursuite des responsables de crimes de guerre.
En conclusion, Mohamed Chande Othman a exhorté les États membres de l’ONU à respecter strictement l’embargo sur les armes imposé par la résolution 1556 du Conseil de sécurité, dans l’objectif de freiner l’intensité des combats et de favoriser un retour aux négociations.
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Alors que le conflit se poursuit, la communauté internationale reste confrontée à un dilemme : comment stopper une guerre qui se complexifie de jour en jour, tout en répondant à une crise humanitaire d’une ampleur rarement vue dans la région ? Pour l’heure, des millions de Soudanais attendent, dans le silence assourdissant de la violence, que le monde agisse enfin.
Imam chroniqueur Babacar Diop