À l’occasion de la grande fête de Tabaski, l’imam Ababacar Cissé Diop, guide religieux de la grande mosquée de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, a prononcé un sermon marquant, appelant à un sursaut moral et spirituel au sein de la communauté musulmane. Son discours, empreint de gravité et de profondeur, a abordé plusieurs thèmes sensibles qui traversent la société sénégalaise et le monde musulman en général.
Dès l’entame de sa khutba, l’imam a mis l’accent sur l’essence de la foi islamique : la taqwa, ou la crainte révérencielle d’Allah, ainsi que le repentir sincère et une véritable préparation à la vie après la mort. Il a souligné que ces valeurs ne doivent pas rester théoriques ou limitées à des discours vides, mais s’incarner dans une conduite conforme aux enseignements de l’islam. « Le musulman doit se préparer aux questions de la tombe non par des slogans, mais par une vie conforme à l’islam », a-t-il affirmé avec une solennité particulière.
Dans une dénonciation claire des dérives sociales observées dans la société, l’imam Cissé a critiqué les jugements précipités à l’égard des croyants qui expriment visiblement leur foi. Il a également condamné les moqueries visant les symboles religieux et a mis en garde contre les comportements qui sapent la cohésion spirituelle des musulmans.
L’un des points les plus marquants de son intervention fut la critique ferme des discriminations liées aux appartenances confrériques. Sans citer de noms, l’imam a déploré une réalité persistante : celle des divisions internes entre les musulmans du Sénégal, souvent alimentées par des considérations confrériques. Il a appelé à l’unité, à l’humilité et à une vision commune de l’islam fondée sur le respect et la fraternité.
Enfin, l’imam Ababacar Cissé Diop n’a pas manqué d’évoquer l’actualité internationale, avec une pensée poignante pour le peuple palestinien, en particulier les victimes des violences à Gaza. Il a regretté le silence et l’inaction de nombreux dirigeants musulmans face à cette tragédie humanitaire. « Certains de nos frères et sœurs célèbrent la Tabaski parmi les débris », a-t-il déclaré avec émotion, en appelant à la solidarité active, à la prière collective et à un éveil des consciences pour soutenir les opprimés.
Ce sermon, en résonance avec les préoccupations sociales, religieuses et politiques contemporaines, a suscité une vive réaction parmi les fidèles présents, témoignant de la nécessité d’un débat sincère au sein de la communauté musulmane sur les enjeux de foi, d’unité et de justice.
-imam chroniqueur Babacar Diop
