Un samedi sanglant en plein cœur de Mulhouse

Le samedi 22 février 2025, la ville de Mulhouse a été frappée par une attaque au couteau d’une rare violence, semant la panique en pleine après-midi. Vers 16 heures, au cours d’une manifestation de soutien au Congo près du marché du canal couvert, un homme armé d’une lame a brutalement agressé des passants et des policiers municipaux.
Le bilan est lourd : un civil tué, cinq policiers blessés, dont deux grièvement, avant que l’assaillant ne soit neutralisé et arrêté.
Un profil inquiétant : un fiché S sous le radar des autorités
L’agresseur, identifié sous le nom de Brahim A., est un ressortissant algérien de 37 ans, entré illégalement en France en 2014. Son nom figurait au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) en raison de ses liens supposés avec l’islamisme radical.
Condamné en décembre 2023 à six mois de prison pour apologie du terrorisme, il faisait également l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Cependant, l’expulsion avait été bloquée à plusieurs reprises par le refus des autorités algériennes de délivrer un laissez-passer consulaire.
« L’absence de coopération de certains pays complique considérablement l’expulsion des individus dangereux », a déclaré Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, soulignant que l’Algérie avait refusé de reprendre cet individu à dix reprises.
Une attaque d’une violence inouïe
Selon des témoins, l’assaillant a agi avec une détermination froide. Il a d’abord poignardé deux policiers municipaux, blessant gravement l’un au cou et l’autre au thorax.
Un passant courageux, Lino Sousa Loureiro, un retraité de 69 ans de nationalité portugaise, a tenté de s’interposer. Il a malheureusement succombé à ses blessures après avoir reçu plusieurs coups de couteau.
Trois autres policiers ont ensuite été attaqués avant que l’agresseur ne soit neutralisé par les forces de l’ordre.
Réactions politiques : un appel au durcissement des lois
L’émotion est vive au sein de la classe politique. Le président Emmanuel Macron a immédiatement condamné ce qu’il a qualifié d’”attentat terroriste islamiste”, promettant des mesures fermes pour protéger les forces de l’ordre et les citoyens.
Bruno Retailleau a plaidé pour une réforme urgente :
« Nous devons lever les obstacles juridiques qui empêchent l’expulsion immédiate des individus radicalisés. Notre devoir est de garantir la sécurité des Français. »
Le politologue Gilles Kepel, spécialiste de l’islamisme et du djihadisme, a déclaré :
« Ce type d’attaque s’inscrit dans une stratégie de terreur diffuse, où des individus isolés, inspirés par des idéologies extrémistes, ciblent les symboles de l’autorité publique. »
Enquête antiterroriste : une course contre la montre
Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a ouvert une enquête pour “assassinat en relation avec une entreprise terroriste” et “tentative d’assassinats sur personnes dépositaires de l’autorité publique”.
Selon les premières investigations menées par la DGSI et la Sous-direction antiterroriste (SDAT), l’assaillant avait récemment renforcé ses contacts avec des cercles salafistes clandestins.
« Nous devons comprendre si cet acte a été isolé ou s’il s’inscrit dans une coordination plus large », précise Jean-Charles Brisard, président du Centre d’Analyse du Terrorisme (CAT).
Hommage aux victimes : l’unité face à la barbarie
Le lendemain, un rassemblement silencieux a eu lieu sur la place principale de Mulhouse en mémoire de Lino Sousa Loureiro et en soutien aux policiers blessés.
La maire de Mulhouse, Michèle Lutz, a salué “le courage exemplaire des forces de l’ordre et des citoyens qui ont tenté d’arrêter l’assaillant”, ajoutant :
« Cet acte barbare ne doit pas diviser notre société. Plus que jamais, nous devons rester unis face à la haine. »
Vers une refonte des procédures d’expulsion ?
L’attaque relance un débat brûlant sur la gestion des individus radicalisés et les blocages diplomatiques qui empêchent certaines expulsions.
Marc Hecker, chercheur à l’IFRI et spécialiste des politiques antiterroristes, estime qu’il est temps d’agir :
« Nous devons repenser nos mécanismes de coopération internationale et nos outils juridiques pour expulser plus efficacement les individus représentant une menace avérée. »
À Mulhouse, ce drame ravive les craintes et pose une question cruciale : comment éviter qu’un individu déjà surveillé ne passe à l’acte ?
Imam chroniqueur Babacar DIOP