Thiès : quand l’économie informelle menace la sécurité scolaire

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Thiès : quand l’économie informelle menace la sécurité scolaire

Par Imam chroniqueur Babacar Diop

À Thiès, la rentrée scolaire s’effectue dans un climat de désordre urbain préoccupant. Autour du rond-point du passage à niveau de Diakhao, l’anarchie s’impose chaque matin : vendeurs ambulants, charrettes, taxis et clients s’entremêlent au cœur d’un marché spontané baptisé Sham. Résultat : les élèves des collèges Saint-Gabriel et Sainte-Ursule, pourtant situés dans une zone d’institutions publiques, doivent se frayer un chemin au milieu d’un chaos permanent.

« Les autorités ont délogé les ambulants de la voie ferrée, mais aujourd’hui ils se sont réinstallés devant le Musée régional et jusque devant l’hôpital du 10ᵉ. C’est invivable », s’indigne Ayni Aw, membre de la société civile. « Ce marché met nos enfants en danger et dégrade tout le cadre de vie. »

Une sécurité scolaire en péril

Ce désordre, qui s’étend de jour en jour, compromet la sécurité des élèves et l’ordre public. Le sociologue Cheikh Guèye avertissait déjà, dans Villes africaines : entre planification et débrouillardise (Karthala, 2016, p. 87) :

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« L’urbanisation informelle, lorsqu’elle colonise les abords des écoles, transforme les espaces d’éducation en zones de tension sociale et de vulnérabilité. »

Or, c’est exactement ce qui se produit à Thiès : l’économie de survie s’installe là où devraient primer sécurité et discipline.

Des riverains abandonnés

Au quartier 10ᵉ (ex-Riaom), la colère gronde. Les habitants évoquent la pollution sonore, les problèmes d’hygiène et l’insécurité nocturne.

« Nous avons alerté la mairie de Thiès-Ouest, mais rien ne bouge », regrettent-ils.

Pour Mame Diarra Seck, urbaniste et chercheuse à l’Université de Thiès, auteure de Dynamiques urbaines et gouvernance locale au Sénégal (L’Harmattan, 2020, p. 153) :

« Le chaos urbain est rarement le fruit du hasard. Il naît d’une série d’abandons administratifs et d’une tolérance coupable face à l’informel. »

Un appel à la responsabilité publique

Les Thiessois espèrent une réaction rapide du ministère de l’Intérieur pour rétablir l’ordre et protéger les élèves. Une attente légitime, car, comme le souligne le sociologue Abdoulaye Bara Diop dans Sociétés en mutation au Sénégal (Presses Universitaires de Dakar, 2019, p. 142) :

« L’absence de régulation dans les espaces publics favorise la perte de confiance envers l’État et ouvre la voie au désordre permanent. »

Réflexion d’Imam chroniqueur Babacar Diop : l’ordre, condition de la dignité

La société sénégalaise souffre parfois d’une confusion entre liberté et laxisme. L’espace public est un bien commun, pas une zone de non-droit. Quand les trottoirs deviennent des marchés, quand les écoles sont encerclées par le désordre, ce sont nos valeurs collectives qui vacillent.

L’islam, dans sa sagesse, associe la foi à la discipline. Le Prophète (paix et salut sur lui) disait :

« Chacun de vous est un berger, et chacun de vous est responsable de son troupeau »
(Sahih al-Bukhari, hadith n°893).

Cette responsabilité s’applique aux dirigeants comme aux citoyens. Une ville sans ordre, c’est une école sans mur : tout s’y effrite.

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Thiès mérite mieux que ce désordre résigné. Il est temps de reconstruire la cité autour d’un principe simple : protéger l’enfance, c’est protéger la nation.

Imam chroniqueur
Babacar Diop

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