
La région des Savanes au nord du Togo, confrontée depuis plusieurs années à des défis sécuritaires et sanitaires majeurs, renforce son arsenal réglementaire pour protéger ses populations. Face à la prolifération des boissons frelatées et à l’abus croissant d’antalgiques morphiniques comme le tramadol, le gouverneur de la région, Affoh Atcha-Dedji, a pris une mesure décisive en interdisant la production, la commercialisation, l’importation, la distribution, la détention et la consommation de ces substances, sauf en cas de prescription médicale.
Cette décision, officialisée par un arrêté en date du 24 mars 2025, marque une étape clé dans la lutte contre les effets dévastateurs de ces produits sur la population. Depuis plusieurs années, les boissons frelatées et les antalgiques détournés de leur usage médical se sont imposés comme un problème de santé publique et de sécurité dans la région. L’abus de ces substances entraîne non seulement des troubles physiques et psychologiques graves chez les consommateurs, mais favorise également la criminalité et l’insécurité sociale, en raison des comportements imprévisibles et dangereux qu’elles induisent.
Les autorités locales ont justifié cette interdiction par les nombreux cas d’intoxications graves, de dépendance et d’actes de violence attribués à ces substances. En effet, les boissons frelatées, souvent fabriquées dans des conditions non contrôlées, contiennent des produits chimiques nocifs qui exposent les consommateurs à de graves complications de santé, allant de l’insuffisance rénale aux affections neurologiques.

Quant au tramadol, un antalgique utilisé à des fins médicales pour soulager les douleurs sévères, il est de plus en plus consommé comme stimulant psychoactif, notamment chez les jeunes et les conducteurs de taxi-moto. Ses effets secondaires – somnolence, désorientation, hallucinations et addiction – en font un facteur de risque majeur dans les accidents de la route et les comportements agressifs.
Dans le communiqué officiel, le gouverneur Affoh Atcha-Dedji a insisté sur la rigueur de la mise en œuvre de cette mesure :
« La santé et la sécurité de nos concitoyens sont une priorité absolue. Nous ne pouvons plus tolérer la circulation de substances qui détruisent des vies et compromettent l’avenir de notre jeunesse. Toute personne qui enfreindra cette interdiction s’exposera à des sanctions sévères. »
L’arrêté précise que toute infraction à cette réglementation entraînera des mesures répressives immédiates, notamment :
- La fermeture des points de vente impliqués dans la distribution de ces produits ;
- La saisie et la destruction des substances interdites après analyse par les autorités compétentes ;
- L’application d’amendes dissuasives et la possibilité de poursuites judiciaires contre les contrevenants.
Ces sanctions s’inscrivent dans un cadre légal plus large visant à lutter contre la contrebande et la commercialisation de produits dangereux sur le territoire national.

Cette interdiction intervient alors que la région des Savanes est sous état d’urgence sécuritaire depuis trois ans, un dispositif mis en place pour répondre aux menaces liées à l’extrémisme violent et renforcer la protection des populations.
Les autorités locales estiment que la prolifération des substances psychoactives constitue un facteur aggravant dans un contexte déjà marqué par des défis sécuritaires. L’usage abusif de ces produits pourrait en effet faciliter le recrutement de jeunes vulnérables par des groupes criminels ou terroristes, compromettant ainsi la stabilité et la cohésion sociale de la région.
Le gouverneur Affoh Atcha-Dedji a ainsi souligné que cette mesure ne constitue qu’une étape d’un plan global visant à renforcer la sécurité et la santé publique :
« Nous continuerons d’adapter nos stratégies pour protéger notre population contre toutes les menaces, qu’elles soient sécuritaires ou sanitaires. Cette interdiction est une réponse concrète à un fléau qui met en danger nos jeunes et fragilise notre société. »
Au-delà des autorités, la mise en œuvre de cette interdiction nécessitera une collaboration étroite entre les forces de l’ordre, les services sanitaires, les chefs traditionnels et la société civile. Une campagne de sensibilisation et de contrôle renforcé sera déployée dans les prochains mois pour garantir l’application effective de la mesure.
Les populations, quant à elles, sont appelées à signaler tout commerce illégal de ces produits et à adopter des comportements responsables pour préserver leur santé et celle de leurs proches.
En prenant cette décision ferme, la région des Savanes envoie un signal fort contre la prolifération des substances nocives et affirme son engagement à bâtir un environnement plus sûr et plus sain pour ses habitants.
Jean-Marc Ashraf EDRON