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Un Sénégalais tué par la police à São Paulo : la diaspora sous le choc, la communauté internationale interpellée

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Un Sénégalais tué par la police à São Paulo : la diaspora sous le choc, la communauté internationale interpellée

Un nouveau drame vient endeuiller la communauté sénégalaise vivant à l’étranger. Ngagne, un marchand ambulant sénégalais âgé d’une trentaine d’années, a été abattu ce vendredi 11 avril aux alentours de 16 heures, dans le quartier central de Brás à São Paulo, au Brésil, lors d’une intervention policière qui a tourné au tragique.

Que s’est-il passé ?
Une altercation aurait éclaté entre Ngagne et un agent de la police militaire brésilienne, dans des circonstances encore floues. La situation aurait dégénéré, et l’agent aurait ouvert le feu, atteignant mortellement le vendeur ambulant sénégalais. Des passants horrifiés ont filmé la scène, et une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux montre l’homme s’effondrer au sol après avoir été touché.

Où et comment ?
Le drame s’est produit en plein jour, dans un espace public fréquenté, non loin d’une station de métro, où Ngagne avait l’habitude de vendre ses marchandises. Plusieurs témoins présents sur les lieux affirment que le comportement du policier était agressif dès le début et que la victime ne représentait aucune menace immédiate.

Un témoin direct, Mamadou Faye, également marchand ambulant, a raconté à notre rédaction :
« Ils ont crié, ils se disputaient… et puis, sans prévenir, le policier a sorti son arme. Il n’a pas tiré en l’air, ni cherché à calmer. Il a visé et tiré. Ngagne est tombé immédiatement. C’était brutal, inhumain. »

Qui était la victime ?
Ngagne, originaire de la région de Kaolack, était arrivé au Brésil en 2018 dans l’espoir de bâtir une vie meilleure. Installé depuis cinq ans à São Paulo, il subvenait à ses besoins en vendant des accessoires dans les rues. Très impliqué dans les activités communautaires, il était connu pour son calme et sa gentillesse. Son décès laisse derrière lui une compagne enceinte de six mois, ainsi qu’une famille restée au Sénégal.

Pourquoi une telle violence ?
C’est la question qui hante aujourd’hui les membres de la diaspora sénégalaise, mais aussi de nombreuses ONG de défense des droits humains. Si les raisons exactes de l’altercation demeurent inconnues, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer un nouvel épisode de violence raciste et de brutalité policière à l’encontre des populations noires et migrantes au Brésil.

Selon un rapport de l’ONG Human Rights Watch, les personnes noires représentent plus de 75 % des victimes de violences policières au Brésil. Et parmi les migrants africains, nombreux sont ceux qui témoignent d’un harcèlement quotidien de la part des forces de l’ordre.

Réactions de la diaspora et appels à la justice
À São Paulo, l’émotion est à son comble. Des dizaines de ressortissants sénégalais se sont spontanément réunis devant le consulat honoraire du Sénégal pour manifester leur indignation. Des bougies ont été allumées, des prières récitées, et une marche silencieuse a été organisée en hommage à Ngagne.

« Nous ne pouvons plus tolérer que nos frères soient tués comme des chiens sans que justice ne soit rendue, » a lancé Serigne Saliou Ndiaye, président d’une association de la diaspora sénégalaise.
« Ce n’est pas un cas isolé. Nous demandons une enquête indépendante et des poursuites contre l’auteur de ce meurtre. »

Des hashtags tels que #JusticePourNgagne et #VidasNegrasImportam (Les vies noires comptent) sont rapidement devenus viraux sur X (anciennement Twitter), alimentant une vague de colère et de solidarité.

Silence officiel : les autorités interpellées
Ni le gouvernement brésilien, ni les autorités policières de São Paulo n’ont encore publié de communiqué officiel sur l’affaire. Côté sénégalais, l’ambassade du Sénégal à Brasília ainsi que le ministère des Affaires étrangères à Dakar sont également restés silencieux jusqu’ici, malgré l’ampleur du drame.

Un silence que beaucoup jugent inacceptable. Plusieurs personnalités politiques, notamment des députés sénégalais et des membres de la société civile, ont exigé que l’État du Sénégal réagisse avec fermeté.

« Il est du devoir de nos autorités diplomatiques de protéger nos compatriotes à l’étranger. Ce drame ne doit pas être classé sans suite, » a déclaré le député Cheikh Tidiane Diop, appelant à une session parlementaire spéciale sur la question des migrants.

Une douleur ancienne ravivée
Pour la communauté noire du Brésil, cet événement résonne douloureusement avec d’autres drames récents. En 2023, Moïse Kabagambe, un jeune Congolais, avait été tué à Rio de Janeiro dans des circonstances similaires. La répétition de tels événements alimente un profond sentiment d’abandon et d’injustice.

Quelles suites possibles ?
Selon des sources locales, l’agent de police impliqué aurait été identifié et suspendu temporairement en attendant l’ouverture d’une enquête interne. Toutefois, aucune arrestation n’a encore eu lieu, et l’identité complète du policier n’a pas été révélée.

Des juristes et des avocats des droits humains appellent déjà à la saisine des instances internationales, notamment le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.

Une nécessité de réponses concrètes
Ce drame soulève une fois de plus la nécessité de politiques claires et d’accords bilatéraux entre le Sénégal et les pays d’accueil pour mieux protéger ses ressortissants. Il pose aussi la question de la formation des forces de police dans leur rapport avec les minorités, et du racisme institutionnalisé dans certains États.

En attendant, la famille de Ngagne, ses amis, et une communauté meurtrie réclament une chose : la vérité et la justice.

Iman chroniqueur Babacar DIOP

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