Une banque agricole panafricaine est une nécessité pour nos producteurs

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Une banque agricole panafricaine est une nécessité pour nos producteurs

L’agriculture est le pilier des économies africaines, employant une grande partie de la population et contribuant de manière significative au PIB des pays du continent. Pourtant, le secteur reste sous-financé, freinant son développement et poussant de nombreux jeunes à quitter les campagnes pour chercher des opportunités en ville ou à l’étranger.

Le manque d’accès aux crédits agricoles adaptés empêche les producteurs d’investir dans du matériel moderne, d’améliorer leurs rendements et de résister aux chocs climatiques. C’est dans ce contexte que l’idée d’une banque agricole panafricaine prend tout son sens. Une telle institution permettrait de financer les acteurs du secteur agricole et de dynamiser toute la chaîne de valeur.

Dans cet entretien exclusif, M. Ewovi, Président du Conseil Permanent des Chambres d’Agriculture du Togo (CPCAT) et Président de la Chambre Régionale d’Agriculture des Plateaux, revient sur l’urgence d’un tel projet et interpelle le Chef de l’État, SEM Faure Essozimna Gnassingbé, pour qu’il devienne le porte-parole des agriculteurs africains auprès de ses pairs.

Rédaction : M. Ewovi, pourquoi est-il urgent de mettre en place une banque agricole panafricaine ?M. Ewovi : Aujourd’hui, l’un des plus grands défis de l’agriculture en Afrique, et particulièrement au Togo, est l’accès aux financements. L’agriculture est un secteur clé de notre économie, mais les producteurs n’ont pas de structures financières adaptées à leurs réalités.Les banques classiques sont réticentes à accorder des prêts aux agriculteurs en raison des risques climatiques, du caractère saisonnier des revenus et du manque de garanties foncières. Résultat : nos producteurs peinent à moderniser leurs exploitations, à investir dans la mécanisation, à acheter des semences améliorées ou à diversifier leurs cultures.Avec une banque agricole panafricaine, nous pourrions enfin accorder aux agriculteurs des financements adaptés, avec des taux d’intérêt raisonnables et des délais de remboursement en phase avec les cycles agricoles. Cette initiative permettrait également de structurer et d’industrialiser notre agriculture, en assurant une transformation locale des produits et en renforçant la sécurité alimentaire.

Rédaction : Des tentatives de création d’une banque agricole ont déjà existé au Togo. Pourquoi cela n’a-t-il pas fonctionné ?M. Ewovi : Effectivement, le Père de la Nation, Feu Président Gnassingbé Eyadéma, avait lancé une banque agricole à l’époque. Malheureusement, cette initiative n’a pas pu prospérer faute d’un encadrement solide et d’une structuration claire des filières agricoles.Cependant, ce n’est pas parce que le premier essai n’a pas marché que nous devons abandonner l’idée. Au contraire, il faut réinventer la roue et apprendre des erreurs du passé.Aujourd’hui, nous avons une meilleure compréhension des défis du secteur et nous pouvons mettre en place une gestion plus rigoureuse et plus transparente. Si nous structurons correctement les filières agricoles et que nous mettons en place des mécanismes de suivi efficaces, cette banque pourrait devenir un levier puissant pour booster la productivité et garantir l’autosuffisance alimentaire du continent.

Rédaction : Concrètement, comment financer cette banque agricole sans alourdir la charge des producteurs ?M. Ewovi : Nous avons une proposition réaliste : instaurer un captage de 5 F.CFA par kilogramme sur chaque filière agricole.Ce prélèvement minime permettrait de constituer un fonds d’investissement solide pour financer cette banque, sans pour autant peser sur les petits producteurs. Nos agriculteurs ont déjà l’habitude d’épargner, notamment à travers les tontines et les coopératives agricoles. L’idée est donc de canaliser ces fonds vers une institution structurée, gérée par des experts compétents.Avec ce modèle, nous réduisons notre dépendance aux financements extérieurs et nous garantissons une autonomie financière durable. Une banque agricole financée par les acteurs du secteur sera plus stable et plus réactive aux besoins des agriculteurs.

Rédaction : Cette banque pourrait-elle vraiment inciter les jeunes à rester dans le secteur agricole ?M. Ewovi : Absolument ! Le plus grand problème de notre agriculture, c’est que les jeunes n’y voient plus d’avenir. Ils fuient les campagnes parce que l’agriculture est perçue comme une activité de survie, non comme un secteur prometteur.Mais si nous leur donnons les moyens d’investir, en facilitant l’accès au crédit pour acheter du matériel agricole moderne, installer des systèmes d’irrigation, ou même développer l’agro-industrie, alors l’agriculture redeviendra un secteur attractif et rentable.Nous devons faire comprendre aux jeunes qu’on peut réussir dans l’agriculture, mais pour cela, il faut des financements adaptés. Une banque agricole panafricaine leur offrirait une sécurité financière, leur permettant d’entreprendre avec confiance.

Rédaction : Vous appelez le Chef de l’État, SEM Faure Essozimna Gnassingbé, à porter cette initiative à l’échelle africaine. Pourquoi ?M. Ewovi : Notre ambition dépasse le Togo. Nous voulons une banque agricole panafricaine, car les défis agricoles sont les mêmes partout en Afrique.SEM le Président Faure Essozimna Gnassingbé a déjà prouvé qu’il est un acteur clé dans les discussions économiques et politiques du continent. Il a la vision et l’influence nécessaires pour convaincre ses homologues africains de l’urgence de ce projet.

Nous lui demandons d’être notre porte-parole auprès des autres chefs d’État, pour faire avancer cette idée et mobiliser les ressources nécessaires.L’agriculture est un secteur stratégique pour l’Afrique. Une banque agricole bien structurée assurerait notre souveraineté alimentaire et réduirait notre dépendance aux importations.Nous sommes convaincus que sous son leadership, cette initiative pourrait voir le jour et changer durablement le visage de l’agriculture africaine.

Une banque agricole panafricaine est une nécessité pour nos producteurs

Rédaction : Un dernier message aux autorités et aux acteurs du secteur agricole ?M. Ewovi : Excellence Monsieur le Président de la République, SEM Faure Essozimna Gnassingbé, nous, agriculteurs togolais et africains, avons besoin de vous.Nous savons que vous êtes conscient de l’importance de l’agriculture pour notre pays. C’est pourquoi nous vous demandons humblement de porter ce projet auprès de vos pairs africains pour que cette banque devienne une réalité.Avec une gestion rigoureuse et une vision claire, cette institution pourrait devenir un moteur de développement pour nos producteurs et pour toute l’Afrique.Nous, les vrais acteurs du secteur agricole, sommes prêts à soutenir cette initiative. Il est temps d’agir !

Interview réalisée par Jean-Marc Ashraf EDRON

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