
Par imam chroniqueur Babacar Diop
À peine sortie de prison, une ancienne détenue sierra-léonaise a défrayé la chronique en s’en prenant violemment à une surveillante pénitentiaire en pleine rue, relançant les interrogations sur le traitement des femmes incarcérées au Sénégal.
Condamnée en novembre dernier pour exercice de la prostitution sans carnet sanitaire, Precious Amakas James, une ressortissante sierra-léonaise, a comparu de nouveau devant la justice ce 24 juin, cette fois pour agression. Selon les faits rapportés, elle aurait violemment frappé, à l’aide d’un balai, Maimouna Leye, surveillante pénitentiaire à la prison pour femmes de Liberté 6, au marché Dior de Dakar.
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Visiblement animée par un fort ressentiment, l’agresseuse aurait crié des menaces en évoquant des sévices subis durant sa détention. “Elle n’a cessé de m’humilier, de m’insulter et de m’agresser psychologiquement pendant des mois”, aurait crié James, selon des témoins sur place.
Devant le tribunal, l’accusée a tenté de minimiser les faits, affirmant qu’elle voulait simplement « saluer » l’agente. Une version rapidement mise en doute par le juge, d’autant qu’elle avait reconnu, lors de l’enquête préliminaire, avoir insulté la victime.
Le procureur, soulignant la gravité de l’acte et son caractère prémédité, a requis une peine de trois mois de prison ferme, malgré les supplications de l’accusée qui a évoqué la santé fragile de son enfant.
Le verdict a été mis en délibéré jusqu’au 10 août prochain.
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Cette affaire soulève une nouvelle fois la question des conditions de détention au Sénégal, notamment pour les femmes. Plusieurs ONG et chercheurs ont déjà pointé du doigt le manque de mécanismes de médiation en milieu carcéral et les tensions persistantes entre détenues et personnel pénitentiaire. Selon Fatou Kiné Camara, juriste sénégalaise, « le système pénal ne prévoit presque aucun accompagnement post-carcéral pour les femmes, ce qui accroît leur vulnérabilité et la probabilité de récidive » (in Femmes, justice et détention au Sénégal, L’Harmattan, 2020, p. 136).
Cette agression, aussi choquante soit-elle, met en lumière un climat délétère en milieu carcéral, trop souvent ignoré. À l’approche du verdict, les débats sur la réforme de la justice pénale féminine ne manqueront pas de resurgir.