
Le 6 février est consacré à la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF), une pratique qui touche des millions de femmes et de filles dans le monde. Le thème de cette année, « Accélérer le rythme : Renforcer les alliances et créer des mouvements pour mettre fin aux MGF », souligne l’importance de la collaboration entre tous les acteurs de la société. Il est essentiel de soutenir les survivantes, de leur offrir des services adaptés et de les placer au cœur des stratégies d’élimination des MGF.

Les voix des survivantes sont cruciales pour comprendre l’impact des MGF et orienter les actions vers leur éradication. Leurs témoignages illustrent non seulement la douleur et les défis qu’elles ont surmontés, mais aussi leur résilience et leur détermination à protéger les générations futures.

Imane, 25 ans, Djibouti
Imane a subi une excision dans son enfance. Après le décès de sa mère, elle a dû aborder des sujets intimes avec son père, brisant ainsi des tabous culturels. Grâce à ce dialogue, son père a pris conscience des méfaits des MGF et a décidé de ne pas faire exciser ses autres filles. Aujourd’hui, Imane milite pour encourager les hommes à s’engager dans la lutte contre les MGF, affirmant que « la violence n’est jamais seulement un problème de femmes ».

Nurto Abdi Osman, Somalie
À l’âge de sept ans, Nurto a été soumise à une mutilation génitale qui a laissé des séquelles physiques et psychologiques durables. Devenue mère, elle a décidé de s’engager activement pour sensibiliser sa communauté aux dangers des MGF. Avec le soutien de l’UNFPA, elle œuvre pour changer les mentalités et protéger les jeunes filles de sa région.
Rhobi Pristiana Samwelly, Tanzanie
Après avoir survécu à une excision à l’âge de 13 ans, Rhobi a fondé l’association “Hope for Girls and Women Tanzania”. Elle a mis en place des refuges pour les jeunes filles fuyant les MGF et les mariages forcés. Son organisation propose également des programmes d’éducation et de sensibilisation dans les communautés rurales pour éradiquer cette pratique.
Cheikh Abdourahman Mohamed Ali, Djibouti
Président du Conseil Islamique Supérieur, le Cheikh Abdourahman est un leader religieux engagé contre les MGF. Depuis 2008, il forme d’autres leaders religieux pour sensibiliser aux dangers des MGF et promouvoir leur abandon, affirmant que cette pratique n’a aucun fondement religieux.
Catherine Chacha, Kenya
Sage-femme et survivante des MGF, Catherine utilise son expérience personnelle pour éduquer et soutenir les communautés. Elle plaide pour une approche empathique et centrée sur la personne, encourageant les professionnels de la santé à écouter et à comprendre les contextes culturels pour mieux lutter contre les MGF.
Diaryatou Bah, Guinée
Mariée de force à 13 ans et victime d’excision, Diaryatou a réussi à s’émanciper et vit aujourd’hui en France. Elle a fondé l’association “Espoirs et Combats des femmes” pour lutter contre les MGF et les violences faites aux femmes. Son autobiographie “On m’a volé mon enfance” retrace son parcours et son engagement.
Khady Koita, Sénégal
Excisée à l’âge de sept ans et mariée de force à 13 ans, Khady est devenue une militante reconnue contre les MGF. Elle a cofondé le Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles (GAMS) en Belgique et préside l’association La Palabre au Sénégal. Son livre “Mutilée” témoigne de son combat pour les droits des femmes.
Khadidiatou Diallo, Sénégal
Après avoir subi une excision à l’âge de sept ans et un mariage forcé à 12 ans, Khadidiatou a émigré en Belgique où elle a fondé le Groupe de femmes pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles (GAMS). Elle œuvre pour sensibiliser et soutenir les femmes victimes de MGF, en mettant l’accent sur l’éducation et l’autonomisation.
Ces témoignages illustrent la nécessité de renforcer les alliances et de créer des mouvements inclusifs pour mettre fin aux MGF. En soutenant les survivantes et en les impliquant dans les stratégies d’élimination, la société peut progresser vers un avenir où les droits et l’intégrité des femmes et des filles sont pleinement respectés. Il est essentiel de continuer à sensibiliser, éduquer et mobiliser toutes les composantes de la société pour éradiquer cette pratique néfaste. Ensemble, nous pouvons accélérer le rythme du changement et garantir un avenir sans mutilations génitales féminines.
Jean-Marc Ashraf EDRON