Dans un nouveau tournant diplomatique du conflit qui oppose depuis plus de deux ans la Russie à l’Ukraine, une délégation ukrainienne conduite par le ministre de la Défense, Rustem Umerov, est arrivée à Istanbul pour entamer des pourparlers directs avec des responsables russes. Ces discussions, organisées sous l’égide de la Turquie, visent à ouvrir une nouvelle voie de désescalade entre les deux pays.
C’est le président ukrainien Volodymyr Zelensky lui-même qui a annoncé l’initiative, soulignant qu’elle s’inscrivait « dans un esprit de respect envers les présidents Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan ». En déplacement officiel à Ankara, Zelensky a indiqué que la décision de participer à ces pourparlers découle d’un effort accru pour rechercher une solution politique au conflit.
La visite du président ukrainien en Turquie intervient dans un contexte diplomatique tendu, mais marqué par un regain d’intérêt international pour une médiation active. Il a été accueilli jeudi à l’aéroport Esenboga d’Ankara par le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, aux côtés d’autres hauts responsables participant à une réunion informelle des chefs de la diplomatie de l’OTAN à Antalya.
La réunion la plus attendue de cette visite a eu lieu au complexe présidentiel turc, où Zelensky a été reçu par son homologue turc pour un entretien à huis clos d’une durée de près de trois heures. Selon des sources proches du dossier, les discussions ont porté sur les modalités des pourparlers à Istanbul, les garanties de sécurité pour les délégations, ainsi que les perspectives de reprise des accords humanitaires et commerciaux suspendus depuis le début de la guerre.
La Turquie, qui a déjà joué un rôle crucial dans la négociation de l’accord sur l’exportation des céréales en mer Noire, espère capitaliser sur sa position géographique et ses relations diplomatiques équilibrées avec les deux pays pour relancer un processus de paix durable. Le choix d’Istanbul comme lieu de rencontre n’est pas anodin : cette ville a déjà été le théâtre de pourparlers internationaux majeurs depuis le déclenchement du conflit en 2022.
La délégation ukrainienne devrait rester à Istanbul jusqu’au 16 mai, selon les informations relayées par les médias turcs. Aucun détail n’a pour l’heure été communiqué sur l’agenda précis des pourparlers ni sur l’identité des membres de la délégation russe.
Dans un climat international où les appels à une désescalade se multiplient, cette initiative turque est perçue comme une tentative sérieuse de relancer la diplomatie. Reste à savoir si cette nouvelle fenêtre de dialogue permettra de poser les jalons d’un cessez-le-feu durable ou d’une solution politique plus globale.
Les regards de la communauté internationale restent tournés vers Istanbul, dans l’attente d’un éventuel déblocage dans l’un des conflits les plus lourds de conséquences de la dernière décennie.
Imam chroniqueur Babacar Diop
