L’ancien président zambien Edgar Chagwa Lungu est décédé ce jeudi matin à l’âge de 68 ans dans un hôpital de Pretoria, en Afrique du Sud, où il était en traitement pour une maladie dont la nature n’a pas été rendue publique. La nouvelle de sa disparition a été confirmée par sa fille, Tasila Lungu, dans une brève déclaration vidéo, et relayée dans la matinée par le Front patriotique, parti dont il était le chef historique.

Né en 1956, Edgar Lungu est arrivé au pouvoir en janvier 2015 à la suite du décès de l’ancien président Michael Sata. Issu du Front patriotique (PF), Lungu avait été élu lors d’une élection anticipée, puis reconduit à la tête de l’État en 2016. Il a dirigé le pays jusqu’en août 2021, date à laquelle il a été battu aux urnes par l’opposant Hakainde Hichilema, chef du Parti uni pour le développement national (UPND).
Un mandat marqué par des crises économiques
Le mandat d’Edgar Lungu a été marqué par des défis économiques majeurs. Sous sa gouvernance, la Zambie a connu une instabilité croissante, notamment en matière de dette publique, dont le poids a augmenté de manière spectaculaire. Le chômage, la dépréciation de la monnaie nationale et la hausse du coût de la vie ont nourri le mécontentement populaire. Ces difficultés ont contribué à éroder sa popularité et ont été décisives dans sa défaite électorale en 2021.
Malgré cette mise en retrait forcée, Edgar Lungu n’a jamais totalement abandonné la scène politique. À plusieurs reprises, il avait exprimé son intention de revenir aux affaires, suscitant débats et controverses dans l’opinion publique zambienne. Toutefois, la Cour constitutionnelle du pays a mis un terme à cette ambition, statuant qu’il avait déjà accompli deux mandats successifs, conformément à la Constitution.
Un homme de pouvoir au parcours contrasté
Juriste de formation, Edgar Lungu a débuté sa carrière politique en tant que ministre de la Défense avant de prendre la tête du pays. Charismatique pour certains, autoritaire pour d’autres, son style de gouvernance a souvent suscité des polémiques, notamment en matière de droits de l’homme et de liberté de la presse.
L’annonce de sa disparition intervient dans un contexte politique plus stable en Zambie, mais elle ravive les souvenirs d’une période complexe pour le pays, faite d’espoirs contrariés et de tensions sociales. Pour de nombreux Zambiens, Edgar Lungu restera une figure ambivalente : artisan d’un certain ordre politique, mais aussi symbole d’un pouvoir critiqué pour sa gestion économique et ses velléités de maintien au pouvoir.
Une figure politique s’éteint
La mort d’Edgar Lungu marque un tournant dans l’histoire contemporaine de la Zambie. Alors que le pays continue sa transition démocratique sous la présidence de Hakainde Hichilema, le décès de l’ancien chef de l’État rappelle les défis auxquels le pays a été confronté durant les dernières années.
Les réactions officielles à son décès se multiplient déjà, tandis que les hommages se préparent dans son pays natal. Le gouvernement zambien pourrait décréter un deuil national dans les jours à venir, en hommage à celui qui a dirigé le pays durant six années marquées par de profondes mutations.
Imam chroniqueur Babacar Diop