Cameroun : Issa Tchiroma conteste la réélection de Paul Biya et dénonce des violences à Garoua

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Cameroun : Issa Tchiroma conteste la réélection de Paul Biya et dénonce des violences à Garoua

Le Cameroun connaît une nouvelle séquence politique tendue à la suite de la proclamation officielle des résultats de l’élection présidentielle. Le président Paul Biya, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 1982, a été réélu pour un huitième mandat avec 53,66 % des suffrages, selon les chiffres rendus publics par le Conseil constitutionnel ce lundi.

Mais son principal adversaire, Issa Tchiroma Bakary, refuse catégoriquement de reconnaître ces résultats. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, l’ancien ministre de la Communication a dénoncé une attaque armée autour de sa résidence à Garoua, dans le nord du pays.

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« Urgent : actuellement, à mon domicile à Garoua, ils tirent sur les civils qui campent devant chez moi. L’assaut est lancé », a-t-il écrit, affirmant qu’au moins deux personnes auraient été tuées.

Tchiroma accuse les forces de l’ordre d’être devenues des « mercenaires » au service d’un pouvoir « illégitime ». Visiblement révolté, il a lancé une déclaration aux accents de défi :

« Tirez si vous voulez, tuez-moi si vous voulez, mais je libérerai ce pays par tous les moyens. Quelle impunité notoire ! »

Ces propos, à forte charge émotionnelle, interviennent dans un contexte déjà explosif à Garoua, où des tensions persistent entre partisans des deux camps. Des témoins locaux font état d’un climat de forte militarisation de la ville.

Selon son entourage, Issa Tchiroma se porterait bien et sa sécurité serait désormais assurée par des habitants du quartier.

Un climat politique sous haute tension

Cette contestation rappelle les crises électorales qui ont régulièrement marqué la vie politique camerounaise depuis plusieurs décennies. Pour de nombreux observateurs, la longévité du président Biya au pouvoir, combinée à une opposition affaiblie, contribue à entretenir une instabilité latente.

Comme le souligne le politologue camerounais Célestin Tchouala dans Le Cameroun face à la démocratie confisquée (Éditions L’Harmattan, 2022, p. 118) :

« Le système Biya s’est bâti sur un équilibre de peur et de loyauté administrative, où toute contestation devient un risque existentiel pour celui qui la porte. »

Les dernières déclarations de Tchiroma traduisent ainsi non seulement un rejet des résultats, mais aussi une profonde désillusion vis-à-vis du processus démocratique.

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En résumé, la réélection de Paul Biya, bien qu’attendue, plonge une fois encore le Cameroun dans une zone de turbulences politiques. Le pays, confronté à de multiples défis sécuritaires et socio-économiques, semble désormais tiraillé entre la volonté de continuité du pouvoir central et l’aspiration croissante à une véritable alternance démocratique.

Imam chroniqueur
Babacar Diop

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