Cameroun : le préfet du Wouri interdit toute manifestation de rue jusqu’à la prestation de serment du nouveau président

DUNIA News | Douala, 14 octobre 2025
À travers un arrêté préfectoral daté du 14 octobre 2025, le préfet du département du Wouri, Mme Viviane Ngo Yogo Kake Marie, a interdit toute manifestation publique ou attroupement de rue sur l’ensemble du territoire du Wouri jusqu’à la prestation de serment du nouveau président de la République.
Cette décision intervient dans un contexte post-électoral tendu, alors que le pays attend les résultats définitifs de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025.
Une mesure justifiée par des raisons de sécurité et d’ordre public
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Selon le document officiel consulté par DUNIA News, l’arrêté repose sur plusieurs considérations, notamment la nécessité de préserver la paix, la sécurité et la tranquillité publique durant la période sensible qui suit le scrutin présidentiel.
« Est et demeure interdite, motif pris des velléités manifestes et évidentes de troubles à l’ordre public, toute manifestation de rue jusqu’à la prestation de serment du nouveau président de la République », stipule l’article 1er de l’arrêté préfectoral.
Le texte précise que tout attroupement, marche, mouvement d’humeur ou manifestation publique non déclarée ne sera pas toléré sur l’étendue du département du Wouri — qui englobe notamment la ville de Douala, capitale économique du Cameroun.
Des sanctions prévues contre les contrevenants
L’article 2 de la décision avertit que toute personne contrevenant à ces mesures s’expose à des sanctions conformément à la réglementation en vigueur.
Les sous-préfets, le commandant du groupement de gendarmerie territoriale, ainsi que les commissaires centraux de Douala sont chargés de l’exécution stricte de cet arrêté.
L’autorité administrative insiste sur la vigilance accrue des forces de l’ordre et le renforcement des patrouilles pour éviter tout débordement susceptible de troubler le calme public.
Un contexte électoral sous tension
Cette interdiction intervient alors que la population camerounaise reste suspendue à l’annonce officielle des résultats de la présidentielle du 12 octobre 2025.
Des rumeurs de contestations et d’appels à la mobilisation circulaient depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux, poussant les autorités à anticiper tout risque de débordement ou de manifestation spontanée.
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Selon plusieurs observateurs joints par DUNIA News, cette mesure vise autant à prévenir les affrontements politiques qu’à garantir la sécurité des biens et des personnes jusqu’à la fin du processus électoral.
Réactions partagées
Dans les rues de Douala, la décision du préfet suscite des réactions contrastées. Certains citoyens saluent une mesure de prudence :
« On ne veut pas que la ville brûle. Il vaut mieux la sécurité que le chaos », confie un commerçant du marché Mboppi.
D’autres, en revanche, dénoncent une restriction des libertés publiques :
« C’est toujours la même méthode : dès qu’il y a des élections, on interdit de parler ou de manifester », déplore un militant d’un parti d’opposition.
Les partis politiques et organisations de la société civile n’ont, pour l’heure, pas officiellement réagi à la publication de l’arrêté.
Une tradition administrative post-électorale
Ce type de mesure n’est pas inédit au Cameroun. Après chaque élection présidentielle, les préfets des grandes villes prennent généralement des arrêtés d’interdiction temporaire des manifestations, invoquant le risque de troubles à l’ordre public.
Cependant, les défenseurs des droits humains estiment que ces décisions successives traduisent une limitation systématique du droit de réunion et de manifestation pacifique garanti par la Constitution camerounaise.
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DUNIA News – Analyse
L’arrêté du préfet du Wouri s’inscrit dans une logique de prévention des tensions politiques et de contrôle de l’espace public en période électorale.
Mais il soulève également des interrogations sur la gestion des libertés civiques et le rapport entre autorité et expression populaire dans un Cameroun en attente de transition politique.
La vigilance de la société civile et la transparence du processus électoral seront déterminantes pour éviter que la peur et la méfiance ne remplacent le débat démocratique.
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Rédaction DUNIA News Cameroun – Douala / Yaoundé
(Avec sources administratives et correspondants locaux)
Par Frédéric Herman Tossoukpe
Rédacteur en chef – DUNIA News International













